La pandémie découlant du coronavirus a frappé durement la santé des gens, mais son impact a aussi été observé sur les finances personnelles. Nombre de personnes n’avaient pas prévu de se constituer un coussin de sécurité ou n’étaient pas en mesure de le faire et se retrouvent dans une situation précaire. Certains se tournent donc vers des proches pour que ces derniers les aident.
Par exemple, des parents font des prêts d’urgence à leur enfant, dont le revenu a décliné. Mais même dans l’urgence, les prêts ne sont pas à prendre à la légère…
« C’est sûr que quand on parle de prêt, même un prêt d’urgence, mon premier commentaire serait »mettez ça par écrit! », surtout quand c’est avec des enfants ou la famille. Souvent, on ne prend pas la peine de le faire, mais c’est très important! », assure Marie-Josée Houde, notaire chez Banque Nationale Gestion Privée 1859.
Il s’agit d’une décision importante et il est essentiel de ne pas être trop émotif, surtout quand cela concerne des proches, ajoute-t-elle.
Avant de vous lancer, réfléchissez!
Un prêt est souvent la première option qui est envisagée, mais avant de se lancer, il est bon de se poser quelques questions, suggère Marie-Josée Houde.
- Est-ce la formule la plus adaptée pour le destinataire : un prêt n’est peut-être pas la bonne solution surtout si le destinataire peine à gérer ses finances personnelles. Peut-être que des conseils seraient plus avisés que de lui donner de l’argent sans même réfléchir.
- Quel montant peut allouer le prêteur sans se mettre en situation d’insécurité financière : c’est beau de vouloir aider, mais cela ne veut pas dire se mettre soi-même dans une situation difficile.
- Est-ce que cela pourrait être un motif de dispute : cette question est particulièrement opportune lorsque le prêteur veut prêter à l’un de ses enfants alors qu’il en a plusieurs. Cela pourrait être complexe d’expliquer cela aux autres enfants. Il serait peut-être bon d’envisager de changer son testament pour tenir compte du prêt dans l’héritage pour que celui-ci soit équitable envers tous les héritiers.
- Quelle est la situation de l’emprunteur : est-on vraiment certain de revoir la couleur de l’argent prêté? Ou alors est-ce que l’on évoque un prêt pour ne pas vexer l’emprunteur alors qu’en réalité, il s’agit d’un don? Encore une fois, il est bon de préciser cela par écrit.
- Quelles seront les conditions du remboursement : quelle sera la durée du prêt? Et envisage-t-on de calculer des intérêts?
- Quel sera le montant du prêt : si sa valeur est conséquente, il est peut-être bon de ne pas verser toute la somme d’un coup, mais plutôt d’envisager plusieurs déboursements.
Il est important de réfléchir à chacune de ces questions de façon individuelle et de mettre certains éléments par écrit.
En dehors de ces points de base, il est prudent de se préparer à tous les scénarios. Ainsi, que se passerait-il si l’emprunteur décédait? Sur qui retomberait la responsabilité de rembourser la somme prêtée? Ou alors, considère-t-on à ce moment qu’il s’agit d’un don?
Que se passe-t-il si le prêteur n’est pas capable de rembourser l’argent au bout de la période déterminée? Prévoit-on une pénalité? Demande-t-on des garanties?
Il serait aussi judicieux de ne pas exclure notre conjoint ou celui de l’emprunteur de ces discussions.
Des ressources disponibles
Un prêt, même en famille, n’est donc pas une chose à prendre à la légère. Nombre d’éléments doivent être pris en compte. Marie-Josée Houde estime ainsi qu’il est bon de se tourner vers un professionnel pour s’assurer de penser à tout, comme un notaire ou un avocat.
Malgré le confinement, elle rappelle que les professionnels demeurent quand même joignables. Il est ainsi possible de les joindre par téléphone ou par visioconférence. Surtout que certaines règles ont été assouplies pour permettre de remplir des documents officiels et les signer à distance.
Elle précise tout de même que si l’on préfère aller de l’avant sans l’aide d’un professionnel, c’est possible, mais qu’il est bon de tout mettre par écrit et de signer les documents devant deux témoins. Elle rappelle également qu’une reconnaissance de dette est une prescription légale, qui est prescrite aux trois ans. Donc tous les trois ans, il est important de faire signer la reconnaissance de dette au demandeur pour s’assurer que la dette tient toujours.