« En tant qu’anciens présidents du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, nous sommes unis par la conviction que la Fed et son président doivent être autorisés à agir de manière indépendante et dans l’intérêt de l’économie, libres de toute pression politique à court-terme et, en particulier, sans la menace de révoquer ou reléguer des dirigeants de la Fed pour des motifs politiques », ont écrit Janet Yellen, Paul Volcker, Alan Greenspan et Ben Bernanke dans une tribune publiée par le Wall Street Journal.
« Des recherches ont montré qu’une politique monétaire fondée sur les besoins politiques (plutôt qu’économiques) du moment entraînait une dégradation des performances économiques à long terme, notamment une inflation plus élevée et un ralentissement de la croissance », notent-ils encore plus loin.
Même si cette lettre ne fait pas directement référence au président Donald Trump, celui-ci s’est plaint à plusieurs reprises des politiques monétaires du directeur actuel de la Fed, Jerome Powell, insinuant même qu’il pourrait le démettre de ses fonctions si celui-ci n’agissait pas dans son sens.
Depuis des mois, le président Trump, qui se présente aux élections de 2020, critique les décisions prises par la Fed et son directeur. À la suite de l’annonce de la baisse des taux de la Fed la semaine dernière, le président a déclaré qu’il attendait plus que cela. Selon lui, l’organisme est trop prudent par rapport à ses homologues de Chine et d’Europe.
« Jay Powell et la Réserve fédérale ont voulu que le marché entame un long et agressif cycle de réduction des taux qui suivrait le rythme de la Chine, de l’Union européenne et d’autres pays du monde. Comme d’habitude, Powell nous a laissé tomber, mais au moins, il met fin au resserrement quantitatif, qui n’aurait pas dû commencer en premier lieu: pas d’inflation. Nous gagnons quand même, mais la Réserve fédérale ne m’aide pas beaucoup! », a-t-il par exemple tweeté le 31 juillet dernier.
Pour conclure, la tribune des quatre anciens présidents de la Fed, qui semble réagir aux messages incendiaires du président américain, rappelle qu’il est particulièrement important que la politique monétaire soit détachée des considérations politiques également pour une question de confiance du public.
« La perception selon laquelle les décisions de politique monétaire sont motivées par des considérations politiques ou influencées par des menaces que les décideurs ne seront pas en mesure de remplir leur mandat, peut saper la confiance du public dans le fait que la banque centrale agit dans le meilleur intérêt de l’économie. Cela peut conduire à des marchés financiers instables et à de pires résultats économiques », préviennent-ils.