En février dernier, la firme Morningstar annonce qu’elle ajoute une nouvelle forme d’évaluation à 20 000 fonds d’investissement. Ceux-ci seront aussi évalués selon les critères de l’investissement responsable (ESG pour performance environnementale, sociale et de gouvernance). Chaque société composant le fonds est évaluée individuellement. Les scores sont ensuite cumulés pour obtenir le score du fonds.
« C’est un signal fort, le secteur de l’investissement reconnaît que les informations que recherchent les investisseurs responsables sont utiles à tous les types d’investisseurs », dit Steve Lyndenberg
Quatre indicateurs de l’influence de l’investissement responsable
Steve Lyndenberg identifie quatre indicateurs de l’influence de l’investissement responsable à l’extérieur du cercle des convertis.
1-L’intégration des critères de mesure de l’investissement responsable dans l’évaluation de la valeur des titres.
Par exemple, en 2015, la World Federation of Exchanges (l’association de 64 bourses représentant plus de 45 000 sociétés) a proposé à ses membres d’inciter les entreprises à ajouter 34 indicateurs ESG (gestion de l’eau, ratio salaire moyen/salaire pdg, diversité, etc.) aux informations qu’elles divulguent au marché. De plus, on trouve désormais des données ESG sur les terminaux Bloomberg.
2- La pénétration des principes de l’investissement responsable à toutes les classes d’actifs : les actions (indice Socially Responsable Investement, SRI), les titres à revenu fixe (obligations vertes). Et tous les secteurs : immobilier (LEED), forêt ( SFI, Sustainable Forestry Initiative).
3- L’ajout de produits d’investissement responsable à l’offre traditionnelle.
Février 2015 : BlackRock, le plus important gestionnaire de fonds au monde, lance Blackrock Impact, une division dédiée à l’investissement d’impact.
Juillet 2015 : Goldman Sach achète Imprint Capital, spécialiste des critères ESG.
Morgan Stanley, à travers son Institute for Sustainable Investing, publie le « Sustainable Reality Report ». Ce document veut déboulonner le mythe persistant voulant que l’investisseur doive choisir entre performance financière et développement durable.
4- Le vocabulaire de l’investissement responsable commence à être employé par le reste du secteur
On parle d’investissement à long terme (initiative Focusing on Long Term Capital de McKinsey). On évoque le devoir de fiduciaire des caisses de retraite (Japanese Stewardship Code).
Prochaine étape?
«Il va falloir migrer du portefeuille au système, dit Steve Lyndenberg. La crise financière de 2008 a mis en évidence la fragilité et l’instabilité du système. Et le fait que seule une approche plus responsable peut le stabiliser. La composition de votre portefeuille affecte le système financier et le système financier a un impact sur vous. »
La conférence de Lyndenberg a provoqué une avalanche de questions. En voici une : La tendance à la décarbonation des portefeuilles crée de belles occasions d’affaires pour les investisseurs, ne devrait-on pas en profiter?
La réponse du conférencier : « Cette approche n’est plus soutenable. On ne peut plus dire « mon portefeuille se porte bien, je me fiche de ce qu’il advient du reste du système. C’est ainsi qu’on produit l’instabilité qui engendre les crises financières. »