Vous croyez avoir entendu cette nouvelle cette semaine, n’est-ce pas ? Détrompez-vous, c’était il y a trois ans.
Mais rassurez-vous, vous n’avez pas quand même pas rêvé. La semaine dernière, le même porte-parole de la même banque annonçait de nouvelles coupures sans toutefois mentionner le nombre total. Toutefois, les observateurs les estiment à environ 400. La banque annonçait également qu’elle allait procéder à une émission d’actions de 300 millions de dollars afin de renflouer ses coffres.
Quelques jours plus tard, c’est au tour de la Banque CIBC d’annoncer une importante restructuration qui affectera plusieurs centaines de postes dans son réseau de plus 1100 succursales à travers le Canada. D’autres banques s’apprêteraient à faire de même.
S’agit-il de l’inévitable virage technologique alors que l’on ne cesse de nous répéter que les clients veulent de moins en moins de services en succursale et de plus en plus de services en ligne? Cela cache-t-il un problème plus profond ?
Le marché boursier ne s’en est pas trop préoccupé lors de l’annonce de la Nationale il y a 3 ans. En effet, lors de l’annonce des coupures en novembre 2012 le titre cotait 34 $. Moins de deux ans plus tard, il touchait 52 $, soit une hausse de plus de 50 %.
Cette fois-ci, la réaction a été très négative à l’annonce des coupures et du nouveau financement, le cours de l’action se délestant de 5 % durant la séance. Mais ce fut de très courte durée, car il a remonté au cours des quatre séances suivantes pour regagner à peu près tout ce qu’il avait perdu.
Ces coupures sont toujours pénibles sur le plan humain, mais on peut comprendre que les marchés boursiers n’y accordent pas une trop grande importance, explique Viet Buu, président de CTI Capital. « Depuis la crise de 2009, rationaliser est devenu une réaction facile lors des signes de ralentissement », dit-il.
Certes les banques canadiennes ont été malmenées par l’économie, ce qui a causé un recul des cours, selon M. Buu. Mais somme toute, elles ont tenu bon. « Les banques versent un bon dividende, et celui-ci est bien protégé », dit-il. « Nous sommes équi-pondérés dans le secteur actuellement, mais à la moindre correction supplémentaire, nous allons augmenter nos positions », ajoute-t-il.
Quant à l’émission d’actions, cache-t-elle un plus gros problème ? La question se pose, selon Benoit Brillon, gestionnaire de portefeuilles chez Gestion Landry. « La banque a-t-elle été encouragée par les autorités réglementaires à regarnir son capital », peut-on se demander.
Selon lui, il ne s’agit probablement que d’une mesure prudente pour faire face aux éventualités liées au portefeuille de prêts dans le secteur de l’énergie. « Louis Vachon, le président de la Banque Nationale, est l’un des meilleurs pour voir venir les coups et surtout pour s’en prémunir adéquatement », dit il.