«L’entreprise est en pleine expansion. J’ai justement ouvert une nouvelle succursale en 2012», relate Éric Hubert, directeur bancaire régional pour Laval et la Rive-Nord de la Banque Nationale.
Avec «un parc industriel important, de bons revenus, des familles, des professionnels et des entrepreneurs», Éric Hubert estime que plusieurs bonnes années sont à prévoir pour son secteur.
Dans l’immédiat, il fait valoir que sa succursale connaît d’ailleurs le meilleur taux de croissance en matière de nouveaux clients dans son groupe financier pour tout le territoire.
Si l’éventail des besoins en services financiers qui doivent être comblés est particulièrement vaste dans sa région, Éric Hubert n’en constate pas moins que «comme c’est une région en pleine croissance démographique, on se retrouve dans la phase de dépenses au sein du cycle des besoins financiers : assurance pour les familles, financement hypothécaire, etc.»
Il constate d’ailleurs que la dette hypothécaire des ménages est aussi élevée que dans les grands centres urbains du pays.
«Je pense qu’il y a peut-être là un début d’explication quant aux faibles revenus nets de propriété [NDLR : les revenus de placement]», par rapport à la moyenne provinciale.
Mario Grégoire, conseiller en sécurité financière indépendant de Laval qui oeuvre dans l’ombre de la métropole, s’est spécialisé auprès des entreprises, tandis que plusieurs clients de son cabinet, Question de finance, sont des familles.
Dans un marché aussi proche des grands acteurs, «nous ne pouvons pas être tout pour tout le monde, il faut cibler notre offre», dit-il. D’où les segments de clientèles précis.
Si les données sur l’emploi et la construction de succursales, en baisse, laissent penser qu’un redéploiement des effectifs financiers se réalise au profit de la Rive-Nord de Laval, en pleine expansion (voir notre édition de novembre 2012), il reste que l’île Jésus est très bien pourvue sur le plan des services financiers.
Dans un marché où la concurrence fait rage, c’est le référencement qui permet à Question de finance de tirer son épingle du jeu.
«Les gens veulent qu’on leur recommande des conseillers, même par l’intermédiaire des réseaux sociaux. C’est aussi pourquoi je m’engage dans ma collectivité», signale Mario Grégoire.
Très actif au sein de la chambre de commerce locale, il a mis sur pied un service de conférences et de formations qui lui permet de faire rayonner sa marque de commerce.
Québec, avec assurance
L’idée reçue souvent associée à Québec est que la capitale constitue surtout un marché d’assurance.
D’ailleurs, la contribution du secteur au PIB régional en terme de valeur ajoutée est 3,5 fois plus importante que ne laisse supposer la taille relative du secteur dans l’économie québécoise, selon l’Indice de concentration géographique du secteur des Sociétés d’assurance calculé par l’Institut de la statistique du Québec.
«Au cours des dernières années, Québec a été le meilleur marché pour l’Empire Vie en terme de croissance et de ventes absolues», relate Sylvain Gagné, qui était encore récemment vice-président régional de la compagnie. Au moment de mettre sous presse, il venait tout juste de se joindre à l’agent général BBA de Québec à titre de vice-président et directeur général.
Sylvain Gagné estime que Québec prend à nouveau de l’ampleur dans ce secteur, «car je remarque que des assureurs recommencent à ouvrir des bureaux», citant le cas de certains concurrents, comme Manuvie. «Je suis très enthousiaste en ce qui concerne les prochaines années, la distribution devrait être meilleure que pendant les dernières années.»
L’assurance n’est pas seule à avoir le vent dans les voiles. «Québec affiche la meilleure croissance de tout le groupe depuis cinq ans», constate Carl Thibeault, vice-président pour le Québec de Groupe Investors.
En fait, Carl Thibeault estime que le placement et la planification sont promis à un bel avenir.
«L’image qu’on avait de Québec comme d’une ville de fonctionnaires, donc d’emplois publics, est en train de changer. Il y a de plus en plus d’entrepreneurs et de professionnels. Le transfert d’entreprises et l’incorporation de la pratique, pour un médecin ou pour un pharmacien, par exemple, alimentent la croissance de l’offre de planification financière.»
Cela fait en sorte que l’offre et la demande de planification financière sont en forte croissance, observe Carl Thibeault.
Nos données indiquent d’ailleurs que Québec compte le pourcentage le plus important de permis en planification financière de toutes les régions recensées par la Chambre de la sécurité financière (CSF), avec 13 % des permis, par rapport à une moyenne provinciale de 10 %.
Les départs à la retraite, les transferts de rentes, la vente d’actifs comme les chalets qui accompagnent cette phase, le transfert générationnel, tout cela fait en sorte qu’il y aura d’importantes liquidités dans la région durant les prochaines années. «Je prévois une croissance des besoins comme on en a rarement connue dans l’histoire.»
Une poussée de croissance qui forcera les services financiers à s’adapter. «Les besoins des consommateurs sont de plus en plus pointus. On remarque ainsi que les connaissances du public en planification sont de plus en plus étendues.»
L’offre de services doit s’adapter : dorénavant, les clients seront de plus en plus aptes à choisir eux-mêmes leurs produits, par exemple, alors que les conseils porteront sur la planification, sur la fiscalité et sur la protection.
Les occasions de développement des affaires anticipées par Carl Thibeault «me font dire que nous avons des années splendides devant nous». Un enthousiasme partagé par Sylvain Gagné.