Diagramme d'affaires avec des flèches répondant à la baisse
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Étant donné la nature particulièrement éphémère des prévisions économiques dans un contexte de politique commerciale américaine en constante évolution, BMO Marchés des capitaux prévoit désormais une récession au Canada et un ralentissement de l’économie américaine, en raison d’un conflit commercial persistant.

Dans un rapport récent, les économistes de BMO affirment que les prévisions actuelles en matière de politique commerciale — qui supposent que les droits de douane américains sur les exportations canadiennes qui doivent entrer en vigueur le 2 avril resteront en vigueur pendant un an et feront l’objet de représailles de la part du Canada — réduiront la croissance économique de part et d’autre de la frontière cette année.

« L’économie canadienne subira des blessures graves, mais pas mortelles, lors du premier assaut majeur de la guerre commerciale », indique le rapport, qui précise que les nouveaux droits de douane « pourraient entraîner une contraction de l’économie canadienne pendant deux trimestres, réduisant la croissance du PIB réel de 1,5 point de pourcentage cette année, pour atteindre seulement 0,5 % ».

Dans le même temps, « l’économie américaine ne sera pas épargnée, avec une croissance annuelle qui devrait tomber en dessous de 2 % pour la première fois en cinq ans », selon le rapport, car la hausse des droits de douane et les licenciements gouvernementaux pèsent sur les dépenses et les investissements.

En outre, le déclin du marché boursier pourrait amplifier la faiblesse de la demande des consommateurs américains.

« Si les marchés boursiers continuent de baisser, l’effet de richesse s’inversera, entraînant dans sa chute les dépenses de consommation », prévoient les auteurs du rapport.

BMO observe que ses prévisions actuelles pour la croissance du PIB canadien cette année sont inférieures au consensus, qui s’attend toujours à une croissance de la production de plus de 1 % cette année.

Dans ce contexte, le rapport indique que la Banque du Canada devrait abaisser ses taux de 75 points de base supplémentaires cette année, car elle se concentre davantage sur la hausse du chômage que sur la résurgence de l’inflation.

« Le ralentissement économique attendu pourrait entraîner plus de 100 000 pertes nettes d’emploi et porter le taux de chômage à 8,0 % d’ici la fin de l’année, contre 6,6 % en février. »

Dans le même temps, l’inflation devrait augmenter à mesure que le dollar canadien s’affaiblit, pour atteindre 2,7 % au cours des prochains mois, avant de retomber sous la barre des 2 % l’année prochaine, en raison de la croissance des pertes d’emploi.

Pour sa part, la Réserve fédérale américaine (Fed) « reprendra probablement ses mesures d’assouplissement en septembre », prédit le rapport, et abaissera finalement ses taux de 125 points de base jusqu’en 2026.

« Toutefois, l’incertitude extrême augmente également le risque d’un faux pas de la part de la Fed, qui pourrait être amenée à s’attaquer à une inflation tenace au détriment de la croissance. Dans ce cas, l’atterrissage en douceur que la Fed s’est efforcée de mettre en place pourrait devenir la principale victime de la guerre commerciale. »

En effet, les perspectives économiques des deux côtés de la frontière sont particulièrement incertaines, étant donné la volatilité de l’environnement politique, précise le rapport.

« La durée de vie des prévisions économiques se mesure désormais en jours, voire en heures, en raison des politiques commerciales imprévisibles de l’administration américaine. L’incertitude à elle seule nuit à l’investissement, en particulier au Canada compte tenu de son exposition élevée au commerce. »

« L’administration américaine menaçant de recourir à la “force économique”, le Canada est confronté à un niveau de risque sans précédent », selon le rapport, qui souligne que les secteurs de l’acier et de l’automobile sont particulièrement menacés.

« Les droits de douane réciproques et les droits de douane spécifiques à l’industrie qui pourraient être imposés le 2 avril pourraient amplifier les dommages, prolonger et aggraver la récession attendue. L’industrie automobile serait décimée dans le pire des cas », prévient le rapport.