La Banque Laurentienne a défendu ses pratiques de rémunération après avoir engagé près de 6 millions de dollars (M$) l’an dernier à la suite des changements survenus à sa tête et qui ont mené au départ de son ancien président et chef de la direction et à l’arrivée de sa remplaçante.
Estimant que les émoluments étaient « très élevés », le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) a profité de l’assemblée annuelle des actionnaires de l’institution financière québécoise, qui s’est déroulée mardi essentiellement en anglais et de manière virtuelle, pour inviter les porteurs de titres à voter contre la politique en vigueur.
Rania Llewellyn, qui est arrivée aux commandes le 30 octobre dernier, tout juste avant la fin de l’exercice financier, avait eu droit à une prime à l’embauche en espèces de 700 000 $, à des attributions fondées sur des actions de 1,55 M$ ainsi qu’à des options sur des titres évaluées à 750 000 $. La paye globale de celle qui réside à Toronto a totalisé environ 3 M$ en 2020.
« Comme vous le savez sans doute, (la présidente et chef de la direction) constitue le poste le plus critique au sein de notre organisation, a affirmé le président du conseil d’administration, Michael Muller. Nous estimons (…) que le bon processus a été suivi et que la bonne (politique) de rémunération est en place. »
L’ex-grand patron François Desjardins, qui s’était retiré de ses fonctions en juin dernier dans ce qui avait été présenté comme un départ à la retraite même s’il n’était âgé que de 49 ans, avait quant à lui eu droit à une indemnité de départ totalisant 1,7 M$ en plus d’une bonification de 1,3 M$ de la valeur de son régime de retraite.
Michael Mueller n’a toutefois pas commenté le traitement offert à ce dernier. Le résultat du scrutin consultatif à propos de l’approche de la banque en matière de rémunération n’avait pas été divulgué dans l’immédiat.
Les dernières années ont été mouvementées à la Laurentienne dans la foulée du plan de transformation déployé par François Desjardins, qui s’est traduit par la fermeture et la fusion de succursales, l’élimination de services au comptoir au profit d’un virage vers le conseil financier et les services numériques, ainsi que des relations de travail houleuses avec le syndicat.
Aux commandes depuis un peu plus de cinq mois, Mme Llewellyn a expliqué, dans le cadre de sa présentation aux actionnaires, que son équipe tablait toujours sur une nouvelle orientation stratégique qui devrait être présentée plus tard cette année.
« Je crois fermement que nous bâtissons sur une fondation solide, a affirmé la présidente de la Laurentienne, en réponse à la question d’une actionnaire. Alors que nous nous concentrions initialement sur la discipline des coûts, nous nous orientons rapidement vers leur optimisation. »
L’équipe de direction a été remaniée avec l’arrivée de quatre nouvelles personnes de l’extérieur ainsi que deux promotions internes, a ajouté Mme Llewellyn.
Cette dernière n’a pas commenté le résultat du vote qui s’est terminé le mois dernier au terme duquel les quelque 600 syndiqués de la Laurentienne _ qui se trouvent essentiellement au Québec _ ont voté pour la révocation de leur accréditation syndicale dans une proportion de 56,6 %.
Les employés couverts par l’accréditation demeureront toutefois syndiqués en raison d’une plainte pour pratique déloyale déposée en janvier auprès du Conseil canadien des relations industrielles, qui a déterminé que ces allégations sont sérieuses et méritent un examen approfondi. Si elles s’avèrent fondées, le tribunal administratif pourrait, par exemple, invalider la demande de révocation.
Il s’agissait de la deuxième fois en trois ans que les syndiqués de la banque étaient appelés à se prononcer sur la question de la désyndicalisation.