Les conseillers qui espèrent établir un lien avec les clients de la génération Y doivent être prêts à faire face aux critiques de l’industrie financière en plus des obstacles habituels en matière d’épargne et d’investissement, selon un rapport du groupe de réflexion montréalais The Decision Lab.
Le rapport, qui a été financé par la Fondation de recherche FP Canada, a analysé des données précédemment publiées de 2015 à 2020 pour comprendre les attitudes et les valeurs des personnes nées entre 1981 et 1995.
Pour de nombreux membres de cette génération, l’obtention d’une solide éducation et la recherche d’un bon emploi n’ont pas conduit au même type de réussite financière que celle qu’ont pu connaître leurs parents. En effet, les études supérieures ont entraîné des niveaux d’endettement plus élevés que ceux des générations précédentes, et les millénariaux ont obtenu leur diplôme sur l’un des marchés de l’emploi les plus difficiles depuis un siècle, souligne le rapport.
À partir de là, le Canada a assisté à l’essor de la « gig economy » (soit l’économie des petits emplois), à la normalisation de la détention de dettes en raison de la faiblesse des taux d’intérêt et à la hausse des prix des maisons.
En général, les membres de la génération Y ont un faible appétit pour le risque, constate le rapport. « Ils sont anxieux à propos de leur argent et ont l’impression que leurs finances contrôlent leur vie, plutôt que l’inverse. Ils se sentent éloignés de l’arc traditionnel de la « bonne vie » », indique le rapport.
Beaucoup d’entre eux ont également des doutes vis-à-vis des institutions et des systèmes financiers traditionnels, en grande partie à cause de la crise financière mondiale de 2008, précise le rapport, sans parler de l’impact de la pandémie.
Alors comment les conseillers doivent-ils faire face à ces défis et à ces craintes, surtout lorsque les amis et la famille sont considérés comme des sources d’information plus fiables ?
Le rapport suggère tout d’abord que les conseillers s’efforcent de renforcer la confiance financière des millénariaux tout en apprenant à connaître les tenants et les aboutissants de leur vie – un processus qui révélera probablement le besoin de « solutions personnalisées » qui ne s’appliquent pas aux segments plus âgés et plus riches.
Cela peut s’expliquer par le fait qu’un client de la génération Y a plusieurs emplois ou sources de revenus, dont certains peuvent être soumis à des réglementations et des considérations fiscales plus obscures, affirme le rapport.
« L’endettement des ménages est devenu courant », associé à « des emplois précaires et des revenus plus volatils que ceux des générations précédentes », souligne le rapport.
Bien que de nombreuses recherches aient suggéré que de nombreux millénariaux ont « très peu d’argent » pour acheter une maison ou pour prendre leur retraite, les conseillers ne devraient pas présumer de cela.
Cette génération semble également privilégier les expériences plutôt que les biens matériels. Un sens différent de la valeur peut influer sur les objectifs et peut également jouer un rôle dans les investissements d’impact et d’héritage des millénariaux fortunés, ou dans leur intérêt pour les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
« Les millénariaux ne considèrent pas seulement l’argent comme une réserve de valeur économique, ils le voient comme l’expression de leurs idéaux – tels que l’inclusion et la diversité, la justice sociale et le changement climatique. Et il y a une réelle opportunité pour les professionnels de la finance de mieux se positionner et d’adapter leurs offres de services », assure Brooke Struck, directrice de recherche chez The Decision Lab et auteur du rapport, dans un communiqué.
Les outils numériques sont également essentiels, note le rapport, tant pour le soutien opérationnel que pour garder ces clients motivés et engagés.
La technologie financière « a profondément changé non seulement la façon dont les clients s’attendent à ce que les services soient fournis, mais aussi la façon dont les professionnels en exercice fournissent ces services », dit le rapport, en notant que les conseillers peuvent proposer des modèles hybrides, mais qu’il doit y avoir une intégration entre les outils numériques et analogiques.
Parmi les autres facteurs à prendre en compte, citons une éventuelle aversion pour les frais de placement, ainsi que le transfert de richesse en cours au Canada.
La grande majorité (environ 80 %) des recherches analysées dans le rapport provenaient du secteur financier, le reste étant un mélange de données provenant du milieu universitaire, du gouvernement et d’organismes sans but lucratif.