L’inquiétude est nettement palpable, constate Martin Gervais, planificateur financier chez De Champlain Groupe financier, qui compte une clientèle de tous âges et financièrement diversifiée. «L’anxiété arrive souvent autour de 50 ans. Elle est provoquée non seulement par l’inconnue financière, mais aussi par celle de se retrouver à la retraite et de devoir combler les 2 000 heures qui étaient consacrées auparavant au travail», dit-il.
Les plus fortunés ne sont pas pour autant à l’abri du stress, note aussi Martin Gervais. «Certaines personnes, qui ont accumulé jusqu’à 1 M$, s’inquiètent quand elles se retrouvent avec 100 000 $ de moins parce que les rendements ont chuté de 10 %», souligne-t-il.
Dans bon nombre de cas, il n’y a toutefois pas lieu de s’inquiéter. «Beaucoup de futurs retraités n’ont pas besoin d’avoir peur. Ils regardent seulement l’argent accumulé dans leur REER, sans tenir compte d’autres actifs ou qu’ils recevront des prestations de retraite de leur employeur», constate Hélène Boileau, planificatrice financière et spécialiste en stratégies de retraite chez BMO Banque de Montréal.
Martin Gervais fait écho à ses propos. «Certaines personnes sont en meilleure position financière qu’elles ne le pensent. Quand on s’assoit ensemble, qu’on prend en compte tous leurs actifs et qu’on fait une bonne planification financière, elles réalisent souvent qu’elles auront suffisamment d’argent et ça leur enlève une grande part d’anxiété», fait-il valoir.
L’héritage des parents
Chez les plus jeunes, la retraite est encore trop lointaine pour s’en préoccuper. «C’est intangible, la plupart d’entre eux ne voient pas encore l’importance de se préparer à la retraite», note Martin Gervais. D’autant, constate-t-il, que les jeunes sont nombreux à compter sur leurs parents, leurs grands-parents ou d’autres membres de leur famille pour pallier leurs besoins financiers au moment de la retraite.
«La jeune génération a eu l’habitude d’être choyée par ses parents et elle s’attend à recevoir une part de leurs avoirs», dit Martin Gervais, en soulignant que certains parents donnent même déjà une partie de l’héritage, de leur vivant, à leurs enfants ou même à des nièces ou neveux.
D’ailleurs, 40 % des membres de la génération Y comptent sur l’héritage comme source de revenu de retraite, contre un quart (26 %) des baby-boomers non retraités, indique le sondage. La moitié des Canadiens de la génération Y n’ont pas encore commencé à épargner en vue de leur retraite.
«La situation s’améliore, mais il y a encore beaucoup d’éducation à faire chez les plus jeunes. Et les parents ont aussi leur part de responsabilité», souligne Hélène Boileau.
Travailler à la retraite
Près de la moitié (49 %) des futurs retraités canadiens craignent même d’épuiser leur épargne avant leur décès, ou sinon de devoir faire des sacrifices importants à leur retraite. Ce pourcentage grimpe légèrement à 52 % chez les personnes qui ont des enfants de moins de 18 ans, comparativement à 41 % des personnes qui n’ont aucun enfant de moins de 18 ans.
Cette situation est d’autant plus inquiétante que 15 % des baby-boomers canadiens et le quart des membres de la génération X non retraités n’ont aucune épargne-retraite, révèle le sondage. Chez les plus vieux, 40 % des personnes qui ont déjà pris leur retraite ont épargné 100 000 $ ou moins et 10 % n’ont aucune épargne.
Ces inquiétudes pourraient d’ailleurs forcer près des deux tiers (65 %) des Canadiens à continuer de travailler à leur retraite pour gagner des revenus. Le sondage indique même que 19 % des baby-boomers non retraités s’attendent à ce que les revenus d’emploi soient leur principale source de revenus à la retraite.
Le mode de vie et les soins de santé (20 % chaque) sont les catégories de dépenses à la retraite qui inquiètent le plus les Canadiens non retraités. Ils ont probablement raison, car plus du tiers (39 %) des Canadiens qui sont à la retraite depuis au moins 11 ans ont indiqué que le montant global de leurs dépenses a augmenté depuis le début de leur retraite.