La pandémie a accentué la pression sur les taux d’intérêt qui étaient déjà faibles, plombant ainsi davantage les attentes de rendement des titres à revenu fixe à long terme. Un problème de taille pour les caisses de retraite, mais certaines solutions s’offrent encore à elles.
En juillet dernier, les taux des obligations 7 ans du gouvernement du Canada s’établissaient à 0,35 %, et celui des obligations à long terme à 0,95 %. Et il y a fort à parier que cette situation ne changera pas de sitôt, s’il faut en croire Tiff Macklem, le gouverneur de la Banque du Canada.
Pour les caisses de retraite en particulier, dont une proportion importante de leurs stratégies de placement sont basées sur ces taux, cela n’est pas une excellente nouvelle. Il existe toutefois des solutions, soulignait le magazine Avantages, dans un article récent.
Au-delà de la courbe de taux
Ajouter aux portefeuilles obligataires des mandats plus spécifiques de manière à dégager du rendement en agissant autrement qu’uniquement sur la courbe de taux est l’une des options avancées par Danny Martin, chef de la pratique des placements et de la gestion des risques chez Eckler.
Il parle ainsi des mandats core plus, des stratégies diversifiées complémentaires à l’indice de référence univers ou long terme. Ces dernières peuvent offrir plus de rendement sans exposer trop aux actions. Le gestionnaire a ainsi davantage de liberté dans la sélection des stratégies complémentaires. Il peut ainsi investir dans les bonnes catégories de titres à revenu fixe et ceci au bon moment, détaille Danny Martin.
Les placements non traditionnels
Les caisses de retraite pourraient également se tourner vers des actifs non traditionnels moins liquides, également susceptibles de générer des revenus courants. Mais avant d’échanger des obligations publiques contre des actifs illiquides, certains points sont à vérifier, souligne Menahem Lousky, conseiller principal, investissement chez Eckler.
Des enjeux de liquidités entrent en ligne de compte, mais les régimes de retraite doivent aussi anticiper des besoins plus grands en matière de revue diligente et de gouvernance. Comme les clauses peuvent grandement varier, il faut être bien au fait des particularités de chacune des catégories d’actifs sélectionnées.
Il est également important de souligner que les effets de la COVID-19 sur les catégories d’actifs très liquides peuvent mettre du temps à se manifester. Mais la pandémie a également créé des occasions, notamment en matière de dette privée. Les changements réglementaires récents limitent les banques en matière de prêt d’argent aux sociétés privées, ce qui ouvre la voie aux gestionnaires de dette privée, note Menahem Lousky.
Attention au risque de crédit
Les écarts de crédit dans le marché des obligations de société de haute qualité ont été bien moins hauts durant la pandémie qu’en 2008. La raison découle principalement de l’assouplissement monétaire rapide auquel se sont prêtées les banques centrales.
« En 2008‑2009, les banques centrales ont dû créer de nouveaux outils pour faire face à la crise. Cette année, ces outils étaient déjà prêts à être déployés », indique Nicolas Desjardins, gestionnaire de portefeuille à Canso Investment Counsel.
Ces écarts de crédit font toutefois vivre véritables montagnes russes à la valeur des obligations de société. Investir dans des obligations de société peut ainsi ne pas être de tout repos. Pour se protéger, Nicolas Desjardins propose d’utiliser des options, de contrats à terme ou de contrats d’échange sur risque de défaillance. Mais en adoptant cette idée, on accepte toutefois de prendre un certain risque.
Les écarts de crédit se sont resserrés depuis le mois de mars, mais des occasions sont encore présentes, selon Nicolas Desjardins. Toutefois, en ces temps d’incertitude économique, elles peuvent s’élargir et se resserrer en un court laps de temps.