Plusieurs risques critiques pèsent sur la retraite, tels que l’inégalité économique et l’écart de richesse qui se creuse rapidement, ont souligné deux experts dans un webinaire organisé récemment par Natixis Investment Manager.
« L’écart de richesse s’accélère et c’est un problème », affirmait alors Edward Farrington, responsable de la retraite et des institutions chez Natixis Investment Managers.
Edward Farrington a noté qu’en 1970, 62 % du revenu global aux États-Unis était détenu par des ménages à revenu moyen et 29 % par des ménages à revenu élevé. En 2018, ces pourcentages ont évolué drastiquement démontrant dans quelle mesure l’écart de richesse continue de se creuser. Ainsi, il y a deux ans, les ménages à revenus moyens ne détenaient que 43% de la richesse globale, alors que les ménages à revenus supérieurs en détenaient 48%.
La race est également un facteur d’inégalité des revenus, a ajouté Edward Farrington.
« Les ménages noirs en Amérique ne possèdent que l’équivalent de 61% de la richesse des ménages blancs. Cette réalité va continuer à se manifester et à provoquer des troubles sociaux. »
Esty Dwek, responsable de la stratégie du marché mondial pour Natixis Investment Managers Solutions, estime que les manifestations tenues dans la foulée du mouvement Black Lives Matters dans le monde entier pourraient être un signe que le changement est en voie de se produire.
« Avec tout ce qui s’est passé aux États-Unis et la mondialisation des manifestations dénonçant le déséquilibre social, peut-être que – enfin – nous allons commencer à changer », a-t-elle ainsi déclaré lors du webinaire de Natixis.
En ce qui concerne la COVID-19, Esty Dwek a signalé que les effets de la pandémie sur l’économie mondiale se feront probablement sentir « pendant les mois et les trimestres à venir ».
Elle estime qu’il faudra attendre 2022 ou 2023 « avant que la croissance ne revienne au niveau de 2019 ». Les taux d’intérêt, selon elle, resteront probablement bas jusqu’à près de 2030, compte tenu du temps qu’il a fallu aux banques centrales pour remonter la pente après la récession de 2008.
La faiblesse des taux rend difficile pour les retraités du monde entier l’obtention de rendements décents et une croissance de leurs économies, ont fait remarquer Edward Farrington et Esty Dwek.
Esty Dwek estime que les retraités et les personnes proches de la retraite devront prendre plus de risques, renoncer à leurs liquidités, ou faire les deux. En général, il est indispensable d’augmenter l’exposition aux actions, a-t-elle ajouté, mentionnant que les investisseurs travaillent souvent plus longtemps que prévu pour augmenter leur épargne pour la retraite.
Edward Farrington et Esty Dwek ont également souligné le « risque sérieux » du changement climatique et les implications sanitaires qui en découlent.
Esty Dwek a déclaré qu’elle s’attendait à ce que les investisseurs institutionnels et les régimes de retraite cherchent à réduire le risque climatique par le biais d’analyses environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).
Un plus grand nombre d’investisseurs « voudront avoir plus d’investissements éthiques à l’avenir », a-t-elle ajouté.
Le Canada occupe une place dans le classement mondial
Au cours du webinaire, Natixis a également discuté des résultats de son 9e indice mondial annuel de la retraite (GRI), dans lequel le Canada s’est une fois de plus classé huitième sur 44 pays.
Le score global du Canada est de 75 %, contre 76 % un an plus tôt. Cette note se base sur l’évaluation de 18 critères regroupés en quatre catégories thématiques :
- la santé,
- la qualité de vie,
- le bien-être matériel
- et les finances à la retraite.
Le Canada a obtenu un meilleur score pour la qualité de vie – 77 %, contre 76 % en 2019 – et a obtenu « des scores plus élevés pour les facteurs environnementaux, la biodiversité et les indicateurs de bonheur », bien qu’il ait obtenu le huitième plus bas score pour la biodiversité.
L’Islande est en tête du classement de Natixis, suivie de la Suisse, de la Norvège, de l’Irlande, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, du Canada, du Danemark et de l’Allemagne.
Le pays ayant obtenu le plus faible score est l’Inde (9 %), précédée par le Brésil à la 43e place (36 %) et la Turquie (40 %) à la 42e.