Toutefois, les investisseurs doivent être très prudents, car le marché actuel de faibles prix du pétrole est somme toute récent, souligne Duncan Mathieson, vice-président, actions canadiennes, chez Addenda Capital.
«Nous ne sommes qu’au commencement de cette game, dit-il. Nous n’avons pas encore réalisé un cycle complet de production durant lequel le prix du baril de pétrole avoisine les 50 $ US.»
Privilégier les grandes pétrolières
Christian Crête, gestionnaire de porfeuille chez Hexavest, estime qu’il vaut peut-être mieux éviter d’investir actuellement dans le secteur pétrolier, compte tenu de l’incertitude qui pèse sur le prix de la ressource.
Cependant, les clients qui voudraient quand même y investir pour profiter des aubaines et d’un éventuel rebond des prix devraient considérer les grandes pétrolières intégrées comme l’américaine ExxonMobil.
Il s’agit d’entreprises présentes dans les activités d’exploration, de production et de raffinage, de même que dans la vente de produits pétroliers au détail.
Cette diversification de leurs activités limite l’impact de la baisse du prix du pétrole sur l’ensemble de leurs résultats. «Ces pétrolières offrent d’ailleurs de gros dividendes», insiste Christian Crête.
Aussi, même si le titre d’ExxonMobil a perdu 16 % de sa valeur entre son sommet du 20 juin 2014 (103,83 $ US) et le 17 mars (84,1 $ US), la pétrolière a continué à verser son dividende à trois reprises (le 11 août, le 7 novembre, le 6 février), et ce, à hauteur de 0,69 $ US l’action. En 2014, selon Thompson Reuters, son rendement en dividendes s’élèvait à 3,38 %.
En fait, depuis 1987, l’entreprise a payé, sans interruption, quatre fois par an, un dividende à ses actionnaires.
Chercher la bonne santé financière
Une autre stratégie consiste à investir dans les pétrolières qui se démarquent par leur excellente santé financière, souligne Barbara Betanski, gestionnaire de portefeuilles principale, actions canadiennes, chez Addenda Capital.
«Nous recherchons, par exemple, des entreprises qui ont un faible niveau d’endettement, et qui disposent d’une marge de crédit pour investir, dit-elle. Nous regardons aussi du côté des sociétés dont les coûts de production sont bas et dont les puits de pétrole affichent un faible taux de déclin.»
Les puits traditionnels affichent un taux annuel de 3 à 6 %, tandis que celui des puits de pétrole de schiste varie lui de 30 à 40 %, selon la firme PCF Energy et l’Association for the Study of Peak Oil & Gas.
Plus un puits affiche un taux de déclin élevé, plus une pétrolière doit investir pour maintenir ou augmenter sa production de barils de pétrole à partir de ce puits.
Jean Duguay, premier vice-président et gestionnaire principal chez Gestion de placements Eterna, valorise aussi les entreprises en excellente santé financière. Parmi ses coups de coeur figure le producteur albertain de pétrole Canadian Natural Resources.
Comme la plupart des sociétés pétrolières, la valeur de son action a baissé depuis 6 mois, soit de 14,6 %, pour s’établir à 37,12 $ à la fermeture des marchés le vendredi 17 mars.
Cependant, ses résultats sont demeurés solides, selon Thompson Reuters.
Par exemple, au troisième trimestre de 2014, ses revenus ont diminué de 12,2 % par rapport au deuxième trimestre, à 4,7 G$. Mais ils sont en progression comparativement au premier trimestre de 2014 (4,3 G$).
De plus, la marge bénéficiaire de la société est en progression depuis le début de janvier 2014. À la fin du troisième trimestre terminé le 30 septembre, elle s’élevait à 22,05 %. Pour l’ensemble de 2013, elle était de 14,06 %.
Trouver les PME de services pétroliers
Les petites entreprises de services pétroliers sont aussi des placements à considérer sur un horizon à plus long terme, souligne Jean Duguay.
«Ce sont des entreprises qui rendent des services aux pétrolières intégrées», remarque le gestionnaire, en citant les exemples d’Ensign Energy Services et de Precision Drilling, deux firmes albertaines.
Au cours du deuxième et du troisième trimestre de 2014, leurs revenus ont continué d’augmenter, malgré la réduction des forages en Amérique du Nord.
Toutefois, la valeur de leur action a chuté depuis six mois. À la fermeture des marchés le 17 mars, le titre d’Ensign Energy Services avait reculé de 33,4 %, à 9,38 $, tandis que celui de Precision Drilling avait perdu 41,8 %, à 7,06 $.
«À court terme, ce sont des sociétés qui risquent encore de souffrir pendant un certain temps. Mais pour quelqu’un qui a un horizon d’investissement à long terme, on pense que c’est un bon moment pour profiter des achats sur faiblesse», fait remarquer Jean Duguay.
diversifier ses placements
Par ailleurs, les entreprises capables de décrocher des contrats, aussi bien dans le secteur pétrolier que dans la production d’hydroélectricité, par exemple, représentent aussi de bonnes occasions d’investissement, selon Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuilles chez Claret.
Cette diversification intra sectorielle (dans le vaste secteur de l’énergie) permet à ces sociétés de maintenir ou de diminuer l’impact sur la perte de revenus en raison des difficultés dans une autre filière énergétique, soit le secteur pétrolier.
Vincent Fournier cite l’exemple de la société North American Energy Partners d’Edmonton, qui fournit des équipements (pelles mécaniques et camions pour le transport de la terre, entre autres) pour les secteurs de la construction, des mines et des pipelines.
Son principal marché est l’industrie des sables bitumineux. Mais l’entreprise pourrait offrir ses services dans d’autres industries, notamment pour le nouveau projet hydroélectrique Site C Clean Energy de BC Hydro, en Colombie-Britannique.
«Même si l’activité ralentit dans les sables bitumineux, il faudra transporter de la roche pour ce projet en Colombie-Britannique», dit Vincent Fournier. Depuis six mois, le titre de North American Energy Partners a perdu 55 % de sa valeur à la Bourse de Toronto, à 3,25 $, à la fermeture des marchés le 17 mars.
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