Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, prévoit que Stephen Poloz optera encore pour le statuquo puisque divers risques pèsent sur l’économie canadienne.
«En même temps, il ne faudrait pas être surpris non plus si le banquier central haussait son taux cible des fonds à un jour de 25 points de base à 1,50 % (ayant signalé en avril que d’autres hausses étaient à venir)», indique M. Lavoie dans une note.
Après tout, l’inflation est restée au-dessus de la barre de 2% en avril, ce qui fait en sorte que le taux réel de la Banque Canada est négatif.
De plus, le cours du pétrole a grimpé au-delà de la marque de 60$US le baril que la banque centrale entrevoyait en avril.
Enfin, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine semblent perdre de leur mordant, tandis que les salaires canadiens augmentent.
Aux études économiques Desjardins, l’équipe est plus catégorique en prévoyant au taux directeur inchangé à 1,25%, mercredi.
«Il n’y a pas d’urgence d’agir lorsque la croissance économique évolue à un rythme plus soutenable depuis quelques trimestres», écrivent les économistes de Desjardins.
Le remède à la surchauffe résidentielle: un ralentisseur latent
Les deux institutions s’entendent sur un point: l’effet cumulatif de la remontée graduelle des taux d’intérêt, et surtout des nouvelles restrictions hypothécaires, commencera à se faire sentir sur le marché immobilier et sur l’humeur dépensière des Canadiens.
Les nouvelles règles ont devancé les transactions immobilières en 2017, croit M. Lavoie.
L’échec de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), avant la date butoir officieuse du 24 mai, est aussi une source d’inquiétude pour les entreprises dont la part des exportations aux États-Unis s’érode, rappelle M. Lavoie.
Cet économiste s’attend aussi à ce que l’économie canadienne déçoive un peu au premier trimestre.
Il prévoit une croissance du produit intérieur brut de 1,5%, par rapport au consensus de 1,9%.
Prochain rendez-vous, 11 juillet
Ce n’est que partie remise puisque M. Lavoie table sur une augmentation du taux directeur à la prochaine réunion du 11 juillet.
L’équipe de Desjardins maintient son scénario de deux autres hausses du taux directeur d’ici la fin de 2018.
«La Banque du Canada voudra sans doute attendre le rebond prévu de l’économie au deuxième trimestre avant d’agir. La prochaine augmentation pourrait être décrétée en juillet», avaient scénarisé les économistes de Desjardins en avril.