Au début des années 2000, TD était un des principaux manufacturiers canadiens de FNB. En 2006, en raison du «manque d’intérêt des investisseurs» et du «faible volume de transactions», la banque avait fermé ses quatre FNB, qui cumulaient un actif sous gestion de 378 M$. Au 31 octobre 2006, l’actif total sous gestion enregistré par des FNB inscrits à une Bourse canadienne était de 13,3 G$, selon ETF Insight.
Dix ans plus tard, l’intérêt des investisseurs pour les FNB semble renouvelé, et la banque compte en profiter. Le secteur compte maintenant plus de 370 produits et gère un actif de 86,9 G$, selon les données d’Investor Economics du 31 octobre dernier.
Lors de la rencontre des investisseurs du marché de détail, Leo Salom, vice-président principal de Gestion de patrimoine TD, a prévenu que les FNB de la banque seront «passifs et actifs».
«Les clients recherchent des conseils d’investissement et des solutions à moindre coût. En 2016, nous lancerons une série de solutions moins coûteuses. Nous offrons déjà 55 fonds communs de placement (FCP) de série D (les solutions à faible coût pour investisseurs autonomes). Au début de l’année prochaine, nous lancerons notre propre gamme de FNB, à la fois passifs et actifs», a-t-il ajouté par courriel.
Après la Banque Royale (RBC) et la Banque de Montréal (BMO), TD est la troisième institution bancaire canadienne à devenir manufacturier de FNB, sur un total de 13 manufacturiers dans l’industrie. Le fait que les banques peuvent s’appuyer sur leur réseau de distribution pour pousser leurs produits explique en partie leur intérêt pour les FNB, selon Ian Gascon, président de Placements Idema.
«Compte tenu de la taille [de la TD], il y a eu un besoin de répondre à la demande en matière de produits de FNB, indique-t-il. Cela s’aligne sur ce que BMO a réalisé il y a quelques années en lançant sa gamme de fonds et en la distribuant dans son réseau, qui comprend ses FCP.»
Si BMO a été en mesure d’accumuler un actif aussi important, qui est passé de 3 à 23,5 G$ entre septembre 2011 et octobre 2015, c’est particulièrement grâce à son réseau de distribution, d’après Ian Gascon.
«Plusieurs de ses produits étaient différents, c’est sûr. Pourtant, elle a accumulé un actif énorme à partir de son propre réseau de distribution, et les autres acteurs voient le potentiel de marché», dit-il.
Le retour de TD dans le marché lui permettra également de satisfaire les besoins de ses conseillers et de ses gestionnaires de portefeuille.
«Si vous regardez l’ensemble des firmes de FNB au Canada, vous constaterez que leur croissance provient principalement des conseillers et des gestionnaires de portefeuille. TD a une bonne plateforme pour le faire. La banque réussira probablement à pénétrer le marché en comptant sur ses propres employés», indique Dan Hallett.
Multiplication des fonds
«L’industrie des FNB est en train de reproduire rapidement le modèle de multiplication des fonds tant prisés par les fournisseurs de FCP», soulignait récemment Ian Gascon dans un blogue sur LesAffaires.com.
On compte actuellement plus de 3 200 FCP au Canada dans 52 familles de fonds, ce qui représente 62 FCP en moyenne pour chacune des familles, d’après les statistiques de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC).
Pour un conseiller ou un gestionnaire, bâtir un portefeuille équilibré deviendra une tâche plus ardue à cause de la multiplication des fonds.
«En raison de la diversification de l’offre à laquelle nous assistons actuellement, les nouveaux produits, à quelques exceptions près, n’amélioreront pas le portefeuille des clients. Cela complexifie la construction d’un portefeuille équilibré, et il est difficile de s’assurer qu’on choisit le meilleur produit pour chaque catégorie d’actif», soutient Ian Gascon.
«Il y a toute une équipe de représentants et de vendeurs qui essaient de promouvoir les différents fonds et leur propre gamme de fonds, remarque-t-il. C’est de plus en plus compliqué de faire la part des choses, particulièrement en ce qui concerne les stratégies actives.»
TD réussira possiblement à pénétrer le marché des FNB, sans toutefois parvenir à créer de nouveaux genres de produits, selon Dan Hallett. «J’ai du mal à imaginer d’autres types de FNB auxquels les investisseurs pourraient s’intéresser […]. Cependant, cela ne signifie pas que TD ne gagnera pas son pari», dit-il.