À la fin de l’année 2019, plusieurs courtiers en ligne américains ont réduit les commissions de négociation à zéro. Ce mouvement initié par Charles Schwab Corporation a été ensuite repris par la Société de portefeuille TD Ameritrage, puis d’autres courtiers se sont empressés d’imiter leurs compétiteurs.
Le 2 janvier dernier, le pionnier de l’investissement à faible coût Vanguard a décidé d’aller plus loin et d’étendre ce mouvement à de nouveaux produits. Le géant américain qui offrait déjà la négociation sans commissions pour de nombreux fonds communs de placement (FCP) et fonds négociés en Bourse (FNB), a décidé d’inclure également les actions et les options dans son offre, afin de réduire davantage les coûts d’investissement.
« La réduction et l’élimination continues des frais dans l’ensemble du secteur des placements est un développement positif pour les investisseurs et un développement que Vanguard défend depuis longtemps », souligne Karin Risi, directrice générale du groupe d’investisseurs particuliers de Vanguard.
Cependant, le courtier a tout de même souligné qu’il était important que les investisseurs tiennent compte de l’incidence des autres frais, dépenses et coûts d’opportunité en plus des commissions de négociation.
« Alors que nous nous dirigeons vers un environnement où les « zéros » dominent les gros titres et où les frais explicites deviennent implicites, nous encourageons les investisseurs à examiner plus en profondeur le tableau des coûts totaux », précise ainsi Karin Risi.
De grands gagnants
Pour le moment, la course à la commission zéro profite surtout aux investisseurs particuliers, mais avec le temps, les conseillers trouveront de nouvelles façons de gérer les portefeuilles, puisqu’ils n’auront pas à se soucier d’accumuler des commissions ce qui se révélera très favorable pour leurs clients.
Le passage aux opérations sans commission devrait ainsi avoir des effets à plus long terme sur les stratégies et les produits que les conseillers utilisent pour atteindre les objectifs de leurs clients, affirme le Financial Planning dans un article récent. Ainsi les conseillers passeront certainement davantage de temps à rééquilibrer les portefeuilles de leurs clients pour trouver des avantages fiscaux, par exemple.
« La fréquence des transactions augmentera, estime Alois Pirker, directeur de recherche chez Aite Groupe, et il y aura davantage d’indexation et de récolte de pertes fiscales. »
Un autre gagnant à long terme pourrait être les stratégies d’indexation directe, selon William Trout, un analyste senior chez Celent. Selon lui, les clients pourraient être portés à investir dans des stratégies d’indexation directe qui se négocient dans un panier personnalisé de titres plutôt que dans des produits plus traditionnels comme les FNB.
« Pourquoi avoir un FNB unique si vous pouvez personnaliser l’exposition au marché en fonction de vos besoins avec plus de précision et négocier des titres individuels sans frais? », demande-t-il.
Cela pourrait aussi être une aubaine pour les fournisseurs de technologie, telle que les plateformes de gestion d’actifs clés en main qui permettent aux conseillers d’accéder à des outils de gestion de portefeuille, comme le rééquilibrage automatisé.
En tout cas, une chose est sûre, la course à la commission zéro va certainement influer sur les produits et les stratégies des conseillers. Les opérations moins coûteuses permettent aux conseillers de montrer davantage leur valeur ajoutée aux clients.
« Avec l’élimination des coûts de négociation, la capacité de répondre aux besoins individuels et aux niveaux d’exposition en fonction des impôts, des restrictions sociales et des positions concentrées deviendra d’autant plus importante », conclut William Trout.