Ce pilotage exige de la discipline, une analyse approfondie des marchés et des fondamentaux d’entreprise, une compréhension de cette propension à l’emballement ou à la déprime inhérente au marché, et une perspective historique. Cependant, bien maîtrisé, il peut tout changer.
1. Déjouer le marché
Une façon simple de limiter les pertes, rappelle Jason Whiting, gestionnaire des fonds petites sociétés canadiennes et américaines de Trimark, est d’accroître les liquidités quand le marché est au plus haut.
Cela va généralement de soi si vous utilisez la méthode ascendante, qui fait une analyse minutieuse de l’entreprise pour établir sa valeur selon les critères financiers traditionnels. Car vous achèterez uniquement si le titre est une aubaine.
Vous cesserez les achats automatiquement lorsque les prix du marché seront trop coûteux. Vous commencerez même à vendre des titres surévalués. «Du coup, les liquidités s’accumuleront dans le portefeuille», note Jason Whiting.
Ces sommes liquides vous permettront de profiter des mouvements en dents de scie du marché en ce sens que, si les cours se replient suffisamment au point d’être abordables, vous pourrez acheter de nouveau.
Une autre façon de déjouer le marché consiste à comprendre ce que les autres ne comprennent pas. «Par exemple, si une mauvaise nouvelle telle l’arrivée d’un nouveau concurrent noircit les perspectives d’une entreprise, certains investisseurs croiront qu’il est temps de vendre, explique Jason Whiting. Dans ce cas, ne les imitez pas. Prenez plutôt le temps d’analyser en profondeur ce nouvel élément.» Vous découvrirez peut-être que la menace n’est pas réelle. Profitez-en alors pour acheter pendant que plusieurs vendent. «Quand l’ensemble du marché sera d’accord avec vous, ce sera le moment de liquider», remarque-t-il.
2. Cibler un prix moyen
«L’expérience m’a appris que lorsque le marché commence à baisser, je ne suis pas assez intelligent pour deviner à quel point sa chute s’arrêtera, dit Jason Whiting. Durant la crise des prêts hypothécaires à risque, certains titres ont perdu 20 % de leur valeur et semblaient attrayants, jusqu’à ce qu’ils reculent à nouveau de 40 %.»
Plutôt que de deviner le meilleur moment pour acheter, vous pouvez simplement déterminer le poids que vous êtes prêt à donner au titre qui vous intéresse. «Si vous le fixez à 5 % du portefeuille, placez-y d’abord 2 %, explique-t-il. Ensuite, si le prix continue à descendre, investissez à nouveau 1 %.» Et ainsi de suite.
Si le prix descend beaucoup plus bas que vous ne l’aviez imaginé, vous pourriez même accroître son poids à 6 ou 7 %. «Mais il faut que l’entreprise soit géniale…», insiste-t-il.
3. Acheter une option de vente
Pour capter les baisses et limiter les risques de perte, vous pouvez acheter une option de vente qui couvrira en totalité ou en partie une position en portefeuille.
«Quand le marché est calme, le temps est propice pour acheter ces options, car leur prix est moins élevé», dit John Wilson.
Si le marché recule subitement, vous enregistrez un gain sur ces options qui permettent de vendre le titre sous-jacent à un prix fixé d’avance, devenu plus élevé que la valeur marchande.
À la limite, si vous changiez d’idée quant aux actions sous-jacentes, vous pourriez utiliser cette option pour les vendre.
À l’inverse, si le marché ne fait rien ou qu’il monte, à l’échéance, vous perdrez la prime que vous aurez payée pour ces options.
«Cette stratégie ne vise pas à enrayer les pertes, explique-t-il, mais à les réduire.»
4. Vendre des options
En écrivant des options de vente ou d’achat sur des titres en portefeuille, vous produisez des rentrées d’argent.
Par exemple, la vente d’options d’achat couvertes vous engage à vendre vos actions et à vous faire payer en retour. Le détenteur du contrat ne voudra acheter les actions que vous détenez que si le prix de levée de l’option est inférieur au prix du marché. Par conséquent, pour vendre une option d’achat, vous devez avoir le sentiment que le cours des actions sous-jacentes va reculer.
Si le cours baisse, les options expireront sans être exercées et vous aurez touché un revenu. Comme ce repli sera momentané, les actions en portefeuille reprendront peu à peu leur valeur.
À l’inverse, si le cours des actions monte, vous vendrez vos actions avec un profit moindre et vous aurez touché un revenu. Si les contrats vendus ne couvrent pas l’ensemble des actions que vous détenez, vous continuerez à réaliser un gain à la hausse sur les titres invendus.
«L’intérêt de cette stratégie, c’est que plus la volatilité des cours est élevée, plus la valeur de la prime est importante», note Charles Marleau, président de Palos Management. Ce pilotage implique cependant qu’on veille à ce que le prix de l’option soit plus élevé que la moyenne historique d’un an. Il faut aussi cibler des actions sous-jacentes dont la volatilité est plus élevée que la normale (par exemple, Research in Motion ou Encana).
«Comme cette poussée de volatilité est normalement très brève, au plus de quelques semaines, vendez des contrats de 20, 25 ou 30 jours au maximum», conseille Charles Marleau.
5. Vendre et acheter des options
Après des ventes de panique, les actions se trouvent normalement à un niveau historiquement bas. «Les détenteurs ont alors peur et la demande d’options de vente augmente, note John Wilson. Profitez-en pour leur vendre ces options.»
«À l’inverse, poursuit-il, la valeur des options d’achat baisse parfois trop. Achetez-les.»
La vente d’une option de vente vous oblige à acheter les actions sous-jacentes au prix de levée. Les options vont être exercées si le cours du marché descend au-dessous du prix de levée.
Cette stratégie implique donc qu’on croie fermement à un rebond rapide du titre. «La clé, c’est de comprendre ce qui cause cette agitation et d’évaluer si elle persistera», explique le gestionnaire.
Si l’envolée se produit, vous ne ferez pas beaucoup d’argent avec la vente d’options, car l’argent touché aura été en partie utilisé pour acheter les options d’achat. Ces contrats d’achat vous permettront cependant de bénéficier de la hausse.
Par contre, si le prix baisse, vous pourriez être obligé d’acheter les actions sous-jacentes. «Il ne faut donc utiliser cette stratégie qu’avec une entreprise que vous aimez beaucoup», dit John Wilson. Comme vous anticipez une hausse, ces actions s’apprécieront. Quant aux options d’achat, elles pourraient expirer avec ou sans gain.
6. Jumeler des paires
L’objectif de cette stratégie d’arbitrage est de repérer deux entreprises qui se ressemblent et dont les cours évoluent pratiquement de la même façon. Par exemple, Suncor et Cenovus Energy, toutes deux actives dans les sables bitumineux d’Alberta.
«Analysez alors la corrélation des cours sur diverses périodes, dit Charles Marleau. Le but est de trouver des titres dont la corrélation est supérieure à 0,85.»
Suivez ensuite ces entreprises. Si en période de volatilité, un fonds de couverture en difficulté commence à vendre massivement les actions de Cenovus, son cours se distancera de celui de Suncor.
«Profitez-en pour accumuler les actions de Cenovus et pour vendre à découvert les actions de Suncor, dit Charles Marleau. Avec le temps, le prix des actions achetées montera, le prix des actions vendues à découvert descendra, ou les deux se feront à la fois.»
Vous pouvez employer cette stratégie avec différentes paires, comme Power Corporation/Financière Power, Telus/Telus non votante ou Rogers/Telus.