Dans la forme la plus développée des conseillers-robots, telle qu’on la voit aux États-Unis, un site Internet recueille le profil d’un investisseur et, à partir de ce profil, lui propose un portefeuille «adapté» à partir d’une demi-douzaine de portefeuilles modèles.
Conseillers-robots ultrasophistiqués
Les technologies d’intelligence artificielle et d’analyse de données de masse vont permettre d’aller beaucoup plus loin. Tout d’abord, le profil d’un client pourra être d’une précision extrême grâce aux millions de données recueillies en suivant ses habitudes de consommateur ainsi qu’auprès de tous ses appareils domestiques reliés à l’Internet des objets.
Déjà, des techniques d’analyse utilisées par de grands groupes de détail permettent de tracer des profils exhaustifs, mais elles n’ont pas encore été appliquées au monde du conseil financier.
Par ailleurs, les mêmes techniques appliquées à la gestion de portefeuille permettront de composer des portefeuilles entièrement individualisés, non pas à partir d’une demi-douzaine de portefeuilles types, mais à partir de l’univers total des fonds communs, des fonds négociés en Bourse et des titres boursiers.
L’application de règles intelligentes et très précises à ces portefeuilles permettra, là encore, de faire une gestion hyperindividualisée.
Par exemple, «on pourra composer des portefeuilles qui intègrent les objectifs de placement d’un client et les gérer par algorithmes de façon à accomplir ces objectifs», affirme Mark S. Yamada, président et chef de la direction de PUR Investing, à Toronto.
Primes d’assurances optimisées
On peut prévoir aussi une intensification des rapports entre assureurs et assurés.
«Les objets connectés (qui composent l’Internet des objets) vont amener quantité de données et permettre aux assureurs de revoir leur offre», indique Éric Lemieux, président et associé de M2S Capital, un fonds de capital de risque qui investit dans les technologies appliquées au secteur financier.
Pour l’instant, on ne connaît encore que les modèles classiques de polices dans lesquels on découpe tout au plus quelques catégories sommaires, par exemple quatre ou cinq types de fumeurs ou de non-fumeurs. Grâce aux technologies de télémonitorage, les polices de l’avenir pourront devenir elles aussi hyperindividualisées.
On fabrique aujourd’hui des vêtements de sport auxquels on greffe un appareil très mince et léger qui supervise en continu les signes vitaux d’un athlète et qui en rend compte via un bracelet, un téléphone intelligent ou une tablette électronique.
Cette électronique «embarquée» demeure un peu encombrante. «Dans un proche avenir, elle deviendra invisible et on ne pourra pas faire la distinction entre un vêtement électronique et un vêtement traditionnel», explique Pierre-Alexandre Fournier, président de Hexoskin, un fabricant montréalais de vêtements biométriques.
L’électronique sera intégrée à même le tissu du vêtement et permettra une lecture serrée d’une panoplie étendue de signes vitaux, bien au-delà du pouls ou de la tension artérielle. On pourra enregistrer un électrocardiogramme, lire le taux de sucre, l’intensité de sudation, le pH sanguin.
Ces données envoyées en continu et en temps réel à un assureur permettront à un assuré de bénéficier de primes optimisées qui varieront selon l’évolution de sa condition physique et de son état de santé.
«Certains assureurs aux États-Unis ont déjà commencé à faire l’équivalent, mais à un niveau très élémentaire, en donnant à leurs clients un podomètre électronique. Ceux qui demeurent actifs voient leurs primes diminuées», remarque Pierre-Alexandre Fournier.
Toutes ces technologies de pointe existent déjà aujourd’hui à un stade plus ou moins avancé. Pour qu’elles aient un impact notable, il suffit maintenant de les relier au vaste Internet des objets pour créer le monde branché de demain.