Annuellement, cela équivaut à des flux de 1 326 000 G$ US (sur la base de 260 jours ouvrables), soit 18 fois un PIB mondial de 73 400 G$ US, selon la Banque mondiale.
C’est une hausse de 168 % par rapport au volume quotidien de 1 900 G$ US relevé en 2004 par First Quadrant, une firme-conseil en investissement de Californie.
«Si les volumes sont si gigantesques, c’est parce que l’effet de levier dans les devises est extrêmement important», souligne Yann Depin, président d’Allexium gestion d’actifs et auparavant spécialiste des devises chez State Street Global Advisors.
En même temps que les volumes de transactions grimpent, la part réservée au commerce dans ces flux décline. En 2014, les échanges internationaux en biens et services s’élevaient à 23 400 G$ US, selon la Banque mondiale. C’est à peine 1,8 % des transactions monétaires annuelles.
Les mêmes pourcentages s’appliquent aux échanges dans notre devise. Les transactions en dollars canadiens s’élèvent annuellement à environ 60 000 G$ US, montant dans lequel les échanges purement commerciaux ne représentent que 1,6 %. Il s’agit d’un recul sensible depuis 2001, alors que le pourcentage s’établissait à 4,2 %.
«Cela réduit davantage l’influence des échanges commerciaux sur le huard», écrit Krishen Rangasamy, auteur de l’étude de la Banque Nationale.
«Le résultat net de ces flux massifs, c’est que le commerce international n’influence peut-être pas le dollar canadien», affirme Krishen Rangasamy.
«Par contre, les investisseurs internationaux comprennent très bien la relation entre le huard et le prix du pétrole, précise-t-il. Pourquoi ? Parce que l’énergie et les matières premières représentent quand même une grande partie de nos exportations.»
Volatilité à court terme
Il serait donc plus juste de dire que la relation entre le dollar et le commerce international du Canada est médiatisée par les marchés des capitaux.
«Les transactions restent ancrées à la réalité des échanges commerciaux, mais de façon lointaine», explique François Bourdon, chef des solutions de placement chez Fiera Capital.
«Sans toutes les transactions financières, les rapports entre le dollar américain et le huard seraient sensiblement au même niveau qu’actuellement», ajoute-t-il.
Cet ancrage entre dollar et économie tient à long terme. Mais à court terme, les masses de transactions introduisent beaucoup de volatilité et de nervosité, «beaucoup de bruit», note Yann Depin.
François Bourdon cite l’exemple du premier débat télévisé entre Hillary Clinton et Donald Trump. Avant le débat, le huard se négociait à 0,7535 $ US ; après, à 0,7595 $ US, une fluctuation considérable en si peu de temps.
«Ça n’a rien à voir avec les échanges commerciaux. Si les transactions de devises n’existaient pas, le dollar canadien n’aurait pas bougé», explique-t-il.
L’effet est encore plus spectaculaire quand survient un événement touchant le pétrole. Par exemple, lorsque l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a annoncé, à la fin de septembre, qu’elle plafonnerait sa production à 32,5 millions de barils par jour, le huard a gagné près de 0,02 $ US.