Avant la transaction, SSQ Assurance et La Capitale captaient respectivement 9,0 % et 5,3 % de parts de marché en assurance de personnes au Québec.
Selon la dernière édition du Rapport annuel sur les institutions financières de l’Autorité des marchés financiers, SSQ et La Capitale occupaient les sixième et septième rang du classement de l’assurance de personnes au Québec.
Après la transaction, la nouvelle entreprise, dont le nom reste à déterminer, grimpera au quatrième rang de ce classement avec 14,3 % de parts de marché. Elle talonnera alors les numéros deux et trois du classement, soit Desjardins (16,2 %) et Financière Sun Life (15,5 %). En tête de liste, iA Groupe financier continuera à bénéficier d’une confortable avance avec ses 19,4 %.
Ces parts de marché se rapportent aux primes directes souscrites au Québec en assurance vie, assurance accidents, assurance maladie ainsi qu’en rentes, autant dans les secteurs individuel que collectif.
« Deux joueurs moyens qui se fusionnent donnent un grand joueur. En principe, les forces de chacun combleront les faiblesses existantes. Le Québec aura une institution financière plus forte », commente Daniel Guillemette, président du cabinet Diversico.
Ex-président exécutif d’AXA, Robert Landry porte un regard similaire.
« On perd deux joueurs de moyenne taille mais on en gagne un gros. Les consommateurs y gagneront car la nouvelle entité pourra concurrencer les joueurs dominants à force égale. Par conséquent, les grands joueurs devront en donner davantage, que ce soit par rapport aux prix ou aux protections. Aussi, le nouvel assureur aura plus de munitions pour atteindre de nouvelles clientèles hors-Québec », dit Robert Landry.
Mais dans cette histoire, ajoute ce dernier, il y aura aussi des perdants.
Qui aura le dessus ?
Selon le communiqué de presse, le regroupement se fera « d’égal à égal. » Mais est-ce possible ?
« Les fusions entre égaux n’existent pas … sauf dans le monde des communiqués. Sur une bonne lancée depuis une dizaine d’années, SSQ Assurance devrait logiquement imposer sa culture et sa direction au sein de la future entreprise », dit Robert Landry.
Afin d’appuyer son pronostic, Robert Landry évoque les acquisitions passées de SSQ et son historique d’intégration, le dynamisme de l’entreprise ainsi que la vigueur de son actionnaire de référence, le Fonds de solidarité de la FTQ.
« Le Fonds de solidarité a une vision très entrepreneuriale », précise Robert Landry.
Selon l’ex-dirigeant d’AXA – qui a été, rappelons-le, absorbée par SSQ en 2011 –, il y aura des rationalisations et des pertes d’emplois.
« Le mouvement de rationalisation devrait commencer dans la haute direction. Par exemple, il ne peut pas y avoir deux vice-présidents aux finances ou aux technologies. Et d’ici peut-être six à neuf mois, ce sera au tour des structures de distribution. Il se passera la même chose, par exemple, avec les vices-présidents de territoire. Plusieurs perdront fatalement leurs postes », prévoit Robert Landry.
Le mouvement de rationalisation finira par s’étendre aux produits. « Il pourrait s’écouler un an, un an et demi, avant que les gammes de produits ne soient touchées. Les décideurs analyseront l’offre existante, ses paramètres, etc., etc. Ça demande du temps », signale l’ex-VP exécutif d’AXA, maintenant consultant.
Chose certaine, la nouvelle direction aura de grands défis à relever.
« La pression sera forte. Les dirigeants de la nouvelle entreprise devront produire des économies d’échelle tout en impulsant une nouvelle croissance », dit Robert Landry.
Celui que Finance et Investissement désignait récemment comme « Leader audacieux », à savoir Jean-François Chalifoux, le président-directeur général de SSQ Assurance, conservera sa fonction dans la nouvelle entité.
Jean St-Gelais, qui était chef de la direction de La Capitale, devient président du conseil d’administration de l’entreprise fusionnée.
Selon Robert Landry, la composition de l’équipe de direction et du conseil d’administration de la nouvelle entité donnera une bonne idée des changements à venir par rapport à la future structure de distribution et aux gammes de produits qui seront conservées en tablettes.
« Cette transaction est un gain pour SSQ comme elle l’est aussi pour La Capitale. Et à mon avis, compte tenu du passé, la direction et la culture de SSQ seront la locomotive des changements à venir », affirme Robert Landry.