Vivek Ramaswamy, entrepreneur et fondateur de Strive Asset Management, une société de gestion de placements, a annoncé mardi dernier qu’il quittait ses fonctions à la tête de sa firme afin de se lancer dans la course à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2024.

Il a déposé le jour même une « déclaration d’organisation » et une « déclaration de candidature » auprès de la Commission électorale fédérale indiquant qu’il avait l’intention de se présenter à la présidence pour le Parti républicain.

Vivek Ramaswamy a annoncé officiellement sa candidature dans une vidéo publiée sur Fox News, en dénonçant une « crise de l’identité nationale » qui, selon lui, est due à une idéologie de gauche qui a remplacé « la foi, le patriotisme et le travail » par « de nouvelles religions comme le COVID-isme, le climato-isme et l’idéologie du genre ». Il a également publié ces propos dans The Wall Street Journal.

Il s’agit à ce jour de la troisième candidature à la course à l’investiture chez les Républicains, après celles de l’ex-président Donald J. Trump et de Nikki Haley, ancienne ambassadrice des Nations unies.

Des sciences de la vie à la gestion d’actifs

Le gestionnaire de fonds multimillionnaire de 37 ans a fait fortune dans les biotechnologies en créant la société de soins de santé Roivant Sciences, en 2014. La compagnie a mis au point 6 médicaments approuvés la Food and Drugs administration (FDA).

L’homme d’affaires d’origine indienne a quitté ses fonctions de président et chef de la direction de Roivant en 2021 et a publié Woke, Inc., un ouvrage qui affirme que la vie politique ne doit pas influer sur celle des entreprises.

Il a continué à siéger comme président au conseil d’administration de Roivant jusqu’à l’annonce de sa démission, le 21 février, « pour se consacrer à sa campagne présidentielle américaine », selon un communiqué émis par la firme.

Le diplômé de Harvard et de Yale s’est fait connaître ces dernières années pour sa croisade contre l’investissement responsable. Ses prises de position contre le mouvement des « éveillés » (woke), qui rassemble des personnes conscientes et offensées des injustices et des discriminations subies par les minorités, lui ont aussi valu d’être dépeint comme le « PDG de Anti-Woke Inc. » dans un portrait publié en décembre dernier dans The New Yorker.

Deux fonds orientés sur l’énergie

L’an dernier, l’investisseur activiste a cofondé la société de gestion d’actifs Strive Asset Management, une société visant à faire pression sur les entreprises pour qu’elles abandonnent les initiatives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). La firme a été cofondée avec Anson Frericks, ancien cadre d’Anheuser-Busch Inbev, qui continuera à diriger l’entreprise pendant la campagne de son associé.

La firme a créé deux fonds négociés en Bourse (FNB), dont Strive US Energy ETF (DRLL US), un FNB axé sur l’énergie, qui a réuni près de 400 M$ en moins d’un mois lors de son lancement sur le marché américain.

Ce fonds vise à répliquer la performance de l’indice Solactive GBS United States 1000, à travers une cinquantaine d’entreprises cotées aux États-Unis sur le secteur énergique. Composé majoritairement d’actions de sociétés à grande capitalisation et de quelques actions de services publics et d’énergies renouvelables, il a pour objectif de profiter au maximum de la hausse actuelle des prix de l’énergie. L’autre FNB, Strive 500 ETF (STRV), lancé en septembre 2022, investit dans de grandes sociétés publiques.

La firme possède des participations dans certaines des plus grandes entreprises du monde, dont Chevron, BlackRock, Walt Disney et Apple. Elle entend utiliser sa voix lors des assemblées d’actionnaires de ces compagnies pour tenter de les inciter à se détourner des politiques ESG telles que la promotion de la diversité ou la réduction des émissions de carbone afin de se concentrer sur leurs bénéfices.

Dans une lettre adressée à Apple, Vivek Ramaswamy a ainsi demandé à l’entreprise de mettre fin à son « audit sur l’équité racial » et de supprimer les considérations de diversité de ses politiques d’embauche et de rémunération, rapporte The New York Times.

Il a également écrit à Disney pour affirmer que l’entreprise a porté atteinte à sa marque en s’élevant contre des politiques gouvernementales qui n’affectent pas directement ses activités, notamment la récente loi de Floride qui limite les discussions sur la sexualité et le genre dans les écoles.

Strice, qui affichait un encours sous gestion de 427 millions de dollars (M$) en septembre dernier, selon The Wall Street Journal, est soutenue par Bill Ackman, fondateur de Pershing Square Capital Management, et par le milliardaire germano-américain Peter Thiel.

Vivek Ramaswamy possède une valeur nette estimée à près de 700 M$, ce qui fait dire à certains observateurs qu’il a les moyens de financer sa campagne à même ses fonds propres, du moins dans les premières étapes des primaires.

Le candidat qui sera choisi par le camp républicain à l’issue des primaires affrontera celui désigné par le parti démocrate pour les élections présidentielles américaines de novembre 2024.