La part de la richesse des 0,1 % des Américains les plus riches a explosé ces dernières années, révèle une analyse faite par les économistes Emmanuel Saez et Gabriel Zucman. Celle-ci serait ainsi passée de 7 % à la fin des années 1970 à 20 % ces dernières années. Parallèlement, la part de la richesse des 90 % des familles les plus pauvres des États-Unis a diminué d’environ 35 % à la fin des années 1970. Elle représenterait actuellement 25 % de la richesse totale des familles américaines.
Yancey Strickler estime que cette concentration des richesses s’explique en partie par le modèle d’affaires américain fondé sur ce qu’il a appelé, lors de son intervention à l’émission The Final Round, la « maximisation financière ».
Selon lui, ce principe peut même entrer en conflit avec les valeurs financières américaines.
« Il y a deux semaines, dans le cadre d’une interrelation entre la NBA, Hong Kong et la Chine, par exemple, alors que nous pensions que l’expansion économique en Chine résoudrait tous les maux, nous avons plutôt été confronté à un conflit entre la valeur financière et les valeurs de la liberté d’expression, ce que nous considérons comme des valeurs américaines », explique-t-il.
« J’ai l’impression que pour la première fois, nous avons été confrontés au fait que nos nouvelles valeurs, que nous exportons, étaient en conflit avec les valeurs auxquelles nous disons que nous croyons », déplore-t-il.
Selon lui, l’heure actuelle est critique. Alors que les États-Unis sont dans la période la plus faste de leur histoire et qu’il s’agit du pays le plus rentable de la planète, 43 % des Américains ne parviennent pas à payer leurs factures.
L’impôt sur la fortune, une solution?
Nombre d’Américains estiment qu’un impôt sur la fortune pourrait être la solution à ce problème d’inégalité. La vice-présidente du groupe démocrate au Sénat des États-Unis, la sénatrice Elizabeth Warren fait partie de ces personnes. Selon elle, une taxe sur environ 75 000 des ménages américains les mieux nantis rapporterait 2,75 billions de dollars en dix ans.
Elle-même propose de redistribuer ensuite cette somme au sein du système de santé, de l’éducation publique et pour la garde d’enfants.
Yancey Strickler estime également qu’un impôt sur la fortune serait une bonne chose. Selon lui, cela permettrait d’assurer les besoins de base pour chaque Américain, ce qu’il estime devoir être la promesse de base d’un bon gouvernement.
« À l’heure actuelle, nous sommes dans un pays où 43 % des Américains ne peuvent pas payer leurs factures, alors que la moitié des dettes d’études sont en souffrance ou en abstention. Cela me dit que notre structure est en train de s’effondrer, et que nous sommes sur le point de nous réveiller et de le découvrir », critique-t-il.
Pas fermés face à cette possibilité
Plus surprenant, les plus riches ne semblent pas fermés à cette possibilité. En juin dernier, un petit groupe de milliardaires américains avait envoyé une lettre publique dont le message principal était « Taxez-nous plus ».
« Tout nouveau dollar émanant de nouvelles taxes doit venir des plus aisés financièrement, pas des Américains de la classe moyenne ou populaire », pouvait-on lire dans cette lettre cosignée par 18 milliardaires.
Tout comme Yancey Strickler, les signataires estimaient qu’il était de la « responsabilité morale, éthique et économique » du gouvernement d’imposer davantage les riches. Ils désiraient que l’argent ainsi récolté puisse aider à améliorer l’économie, le système de santé et à créer davantage d’égalité dans le pays.