Une photo du bâtiment de la Banque du Canada.
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La Banque du Canada (BdC) abaisse le taux directeur de 25 points de base pour le faire passer à 4,25 %. Le taux cible du financement à un jour passe également à 4,25 % comme le taux de rémunération des dépôts. Le taux officiel d’escompte s’établit, quant à lui, à 4,50 %.

« Aujourd’hui, nous avons abaissé le taux directeur de 25 points de base, pour l’établir à 4,25 %. Il s’agit d’une troisième baisse consécutive depuis juin », a résumé Tiff Macklem, le gouverneur de la BdC dans sa déclaration préliminaire.

Bien que l’économie ait enregistré une croissance de 2,1 % au deuxième trimestre, soit légèrement plus que ce qui était prévu en juillet, et que certains indicateurs préliminaires suggèrent que l’activité économique aurait connu une faible progression en juin et juillet, le marché du travail, lui continue de ralentir.

« Notre décision repose sur deux grandes considérations. Premièrement, l’inflation globale et l’inflation fondamentale ont toutes deux continué de baisser comme prévu », a expliqué Tiff Macklem.

« Deuxièmement, avec l’inflation qui continue de se rapprocher de la cible, il faut que la croissance économique s’accélère pour absorber l’offre excédentaire dans l’économie. C’est important pour que l’inflation puisse retourner à la cible de 2 % et y rester », a-t-il continué.

En effet, l’inflation a de nouveau ralenti en juillet pour se chiffrer à 2,5 %. Les mesures de l’inflation fondamentale privilégiées par la Banque se situent autour de 2,5 % en moyenne, et la part des éléments de l’indice des prix à la consommation connaissant une croissance des prix supérieure à 3 % est proche de la norme historique.

Si la forte augmentation des frais de logement reste le facteur qui contribue le plus à l’inflation globale, cette tendance commence à ralentir.

« L’inflation subit encore les effets de forces opposées. D’une part, elle continue d’être poussée à la baisse par la faiblesse générale de l’économie. D’autre part, les pressions qui s’exercent sur les frais de logement et les prix d’autres services nuisent à sa diminution. Ces pressions se sont toutefois légèrement modérées depuis la parution du Rapport sur la politique monétaire de juillet. En même temps, l’offre excédentaire demeure une source de pressions à la baisse », a en effet expliqué Tiff Macklem.

Dans un contexte où les pressions inflationnistes généralisées continuent de s’atténuer, le Conseil de direction a choisi de réduire une nouvelle fois le taux directeur de 25 points de base.

Trop d’attente ?

Jules Boudreau, économiste principal, équipe des stratégies multi-actifs chez Placement Mackenzie, quoique satisfait par la décision de la BdC, estime que celle-ci a peut-être attendu trop avant d’entamer son cycle baissier.

« La Banque du Canada a attendu un peu trop longtemps avant de commencer son cycle de baisse de taux. Une baisse initiale en janvier ou mars ­— en réaction aux données faiblissantes du début de l’année — aurait peut-être permis d’interrompre le ralentissement économique. Juin était trop peu, trop tard. Maintenant que la Banque est en retard sur la conjoncture économique, elle doit faire du rattrapage. Plus une banque centrale attend avant de baisser les taux, plus le taux final devra être bas. On s’attend à un taux terminal à 2,25 %. Des baisses successives de 0,25 % nous fera atteindre ce taux terminal au troisième trimestre de 2025. En plus, avec la Réserve fédérale qui commencera sans doute son cycle de baisse de taux dans deux semaines, la Banque du Canada pourra continuer à baisser les taux sans craindre une fuite de capitaux vers les États-Unis. »

Selon Jules Boudreau, des taux d’intérêts aussi élevés ne sont pas soutenables.

« Dans son état actuel, l’économie canadienne ne peut pas soutenir des taux d’intérêt à 5 %. L’inflation n’est pas encore redescendue à la cible de 2 %, mais elle y sera dans quelques mois. On ne verra pas de regain inflationniste dans une économie aussi faible. Dans l’énoncé accompagnant sa décision d’aujourd’hui, la Banque du Canada note une croissance des salaires au-dessus de la croissance de la productivité. Avec un taux de chômage à la hausse, on s’attend à voir un ralentissement de cette croissance en fin 2024. »

« Le budget fédéral 2024-2025 ne contenait pas de mesures de relance à court terme et la diminution attendue des seuils d’immigration nuira à la croissance économique. Dans ce contexte, la seule chose qui peut relancer l’économie canadienne est un taux d’intérêt sous la barre des 3 %. À ce rythme, on atteindra ce seuil au printemps 2025. Difficile de voir un rebond économique soutenable d’ici-là », conclut Jules Boudreau.