Dans l’édition de janvier de sa lettre mensuelle, le président des ACCVM explique que depuis trois ans, la moyenne des bénéfices d’exploitation totaux a surpassé les moyennes de 2014 et 2015, essentiellement grâce à l’accélération de la demande de services de gestion de patrimoines. Mais, il estime qu’en 2019, le rendement des bénéfices de toutes les catégories de sociétés diminuera.
De janvier à septembre 2018, le secteur des valeurs mobilières a ainsi connu une solide performance. Les bénéfices d’exploitation ont grimpé de 28 % par rapport à la même période l’année précédente.
Le dernier trimestre de l’année a certes accusé une baisse de 20 %, toutefois les bénéfices globaux ont atteint 7,1 milliards de dollars (G$), un record qui surpasse d’environ 10 % les bénéfices globaux de 2017, souligne le président des ACCVM.
Un horizon plus sombre
Ian Russel est d’avis que la détérioration de la conjoncture économie et des marchés canadiens devrait se poursuivre durant une bonne partie de 2019. Ce qui fera pression sur les marges d’exploitation.
Pour appuyer son analyse, il met en lumière les autres indicateurs économiques négatifs qui sont apparus. Il énumère ainsi l’absence de signe d’allègement des taux d’imposition élevés des sociétés et des particuliers et le fardeau réglementaire des entreprises, notamment pour la construction de certains projets dans le secteur naturel comme la construction de pipelines.
Selon lui, ces facteurs ne seront pas entièrement compensés par l’impact positif de la déduction pour amortissement accéléré et le nouvel Accord Canada-État-Unis-Mexique.
Il affirme ainsi que la croissance des dépenses des entreprises sera modeste. Le climat d’affaires au Canada est plus mauvais qu’aux États-Unis, ce qui pourrait amener les investisseurs étrangers à moins s’intéresser au Canada et entraîner un déplacement massif des capitaux canadiens chez nos voisins du sud.
Le ralentissement du marché aura une incidence négative sur la croissance des produits d’exploitation et des bénéfices des sociétés membres de l’ACCVM. Il lui semble impossible que la croissance des produits d’exploitation du secteur de détail puisse maintenir son rythme de croissance annuelle moyen de ces quatre dernières années qui s’élevait à 12 %. Cette tendance devrait plutôt être neutre ou à la baisse, ce qui diminuera les activités de négociation traditionnelles et en ligne des investisseurs.
La hausse des frais d’exploitation aura des conséquences
Même si le secteur des valeurs mobilières a connu une solide performance, la hausse constante des frais d’exploitation inquiète le président des ACCVM. Selon lui, elle constitue la plus grave menace aux bénéfices et à la viabilité des sociétés de courtage au cours de l’année qui vient.
Il est probable également que d’autres regroupements aient lieu au détriment de la diversité concurrentielle dans le secteur et de la mobilisation des capitaux par les entreprises de petite et de moyenne tailles sur les marchés boursiers et sur les marchés privés.
L’augmentation des frais d’exploitation s’est chiffrée à 6 % dans tout le secteur alors qu’il n’était que de 3,5 % ces dernières années. Cette croissance témoigne de la hausse du fardeau réglementaire des sociétés du secteur notamment avec le MRCC2 et les nouveaux systèmes mis en place pour se conformer aux exigences en matière de déclaration fiscale prévues à la loi sur la conformité fiscale des comptes gérés à l’étranger (FATCA) et à la norme commune de déclaration (NCD) de l’OCDE.
Les investissements en technologie, dû autant au besoin de se conformer aux exigences réglementaires que pour gagner en efficience, ont également joué un rôle sur l’augmentation globale des frais d’exploitation.
Le président des ACCVM estime que cette tendance à la hausse des frais d’exploitation se maintiendra dans la prochaine année.
L’augmentation des frais d’exploitation a touché plus durement les petites et moyennes sociétés de courtage dont les frais ont augmenté de 9 %. Pour le moment, l’augmentation des produits d’exploitation a permis aux sociétés de détail de rester rentables. Les petites sociétés risquent de ne plus pouvoir garder le cap en cas de ralentissement des marchés boursiers, ce qui entrainerait une chute des produits d’exploitation générés par les activités de détail.