Une manifestation contre les investissements de la Banque Royale du Canada (RBC) dans les énergies fossiles a eu lieu samedi après-midi, à Montréal, dans le cadre de la campagne Fossil Fools Day.
Une cinquantaine de personnes étaient réunies devant les bureaux de la RBC au centre-ville de Montréal afin de lancer un message clair au président et chef de la direction, Dave McKay : cessez d’investir dans les énergies fossiles.
Cet événement fait partie d’une série de manifestations qui se tiennent ce mois-ci à travers le Canada, pour dénoncer les investissements dans les énergies fossiles. La campagne, issue du mouvement Lead Now, culminera avec un rassemblement le 11 avril à Toronto, où la RBC devrait tenir son assemblée générale annuelle.
La manifestation de Montréal a été organisée par des membres de l’organisme « Decolonial Solidarity » et misait sur la convergence des luttes pour faire passer un message solidaire.
Ce faisant, le comité organisateur a tenu à mentionner quelques-unes des luttes locales, notamment celle des kanien’kehá : ka kahnistensera (Mères mohawks).
Ce groupe a intenté des poursuites judiciaires contre McGill et Québec en mars 2022, pour demander l’arrêt du projet d’agrandissement du campus McGill sur le site de l’ancien Hôpital Royal Victoria, à Montréal, où pourraient se trouver des tombes non marquées.
« La RBC est étroitement liée à l’Université McGill, qui lutte activement contre les kanien’kehá : ka kahnistensera pour empêcher la découverte de tombes anonymes d’enfants autochtones sur le site », indique le communiqué de presse de Decolonial Solidarity, distribué lors de la manifestation. L’Université McGill n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
Kahentinetha, une membre des « Mères mohawks », a prononcé un discours pendant le rassemblement de samedi, dénonçant les conséquences de la colonisation. Elle a ajouté que le monde entier se tourne vers les peuples autochtones pour résoudre la crise climatique, mais n’écoute pas les réponses.
Une représentante du Mouvement de la jeunesse palestinienne a également pris la parole pour dénoncer les agissements d’Israël à Gaza.
« RBC, c’est assez ! »
S’adressant à la foule, Marlene Hale, une militante de la nation Wet’suwet’en, a rappelé l’urgence d’agir dans la crise climatique. Elle a demandé la démission de Dave McKay et à la RBC de « trouver autre chose dans quoi investir que les énergies fossiles ».
« La RBC est l’une des pires banques au monde », a quant à elle déploré Marjolaine Arpin, une des membres de Decolonial Solidarity, en entrevue avec la Presse Canadienne. Elle a réitéré quelques-unes des demandes de son organisme, soit que cette banque mette rapidement fin au financement des combustibles fossiles et investisse davantage dans des énergies renouvelables.
Le groupe de recherche BloombergNEF a calculé dans son dernier rapport que RBC fournissait 0,37 $ en financement d’énergie propre pour chaque dollar consacré aux combustibles fossiles. De plus, selon les données de la plus récente étude de Banking on Climate Chaos, publiée par un consortium de groupes écologistes, la Banque Royale du Canada (RBC) serait le deuxième plus grand bailleur de fonds pour des projets de combustibles fossiles au niveau mondial en 2022.
« Nous reconnaissons l’urgence d’agir sur le plan climatique et assumons notre rôle en soutenant nos clients et les collectivités afin d’accélérer la transition vers une économie plus verte », a déclaré samedi Jeff Lanthier, porte-parole de RBC, par courriel.
Il a rappelé les engagements qu’a récemment pris la banque dans le cadre de son dernier rapport annuel sur le climat, publié en mars, comme de tripler le financement des énergies renouvelables pour le porter à 15 milliards de dollars (G$) d’ici 2030 et d’affecter 1 G$ aux solutions climatiques d’ici la fin de la décennie.
Or, ces engagements n’ont pas réussi à convaincre le groupe « Montreal Raging Grannies (Mémés déchaînées) », qui a participé à l’événement à Montréal. Habillées de manière farfelue et chantant plusieurs chansons militantes, les femmes scandaient entre autres « RBC, c’est assez ! » et « Oh, RBC, on peut changer ! ».
« Chaque fois qu’on peut, avec des chansons et de l’humour, on proteste », a mentionné Lise Bernier, 81 ans, impliquée dans le mouvement depuis une dizaine d’années.
Après les discours, les manifestants ont marché à travers le campus de l’Université McGill jusqu’à l’emplacement de l’ancien l’ancien Hôpital Royal Victoria, pour y attacher des rubans orange en solidarité aux « Mères mohawks ».