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Le Canada a besoin d’une taxonomie des investissements climatiques pour aider les investisseurs et les institutions financières à déterminer les effets de leurs activités économiques et prévenir les cas d’écoblanchiment, ont déclaré des experts lors du Bloomberg Sustainable Finance Forum, le 7 mai dernier.

Une taxonomie des investissements climatiques fournirait une approche standardisée pour évaluer quels investissements peuvent être certifiés « verts », ou respectueux de l’environnement, et/ou compatibles avec l’objectif du Canada de parvenir à des émissions nettes nulles.

D’autres juridictions telles que l’Union européenne, la Chine, la Colombie et l’Afrique du Sud ont publié leurs propres taxonomies, mais le Canada a pris du retard.

« Nous souhaitons vraiment que la taxonomie soit adoptée au Canada, martèle Geneviève Morin, directrice générale du fonds d’investissement québécois Fondaction. La confusion qui règne autour des termes et de ce dont les gens parlent est un problème. »

L’année dernière, le Conseil d’action pour la finance durable, un conseil établi par le gouvernement fédéral, a publié son rapport sur la feuille de route en matière de taxonomie. Ce rapport présente dix recommandations pour l’établissement d’une taxonomie verte et de transition.

Il recommandait notamment que la taxonomie soit dirigée par le gouvernement fédéral et le secteur financier, avec une forte participation des provinces et des populations autochtones, et qu’une structure de gouvernance indépendante soit mise en place pour créer et tenir à jour la taxonomie.

Cependant, il n’y a pas de calendrier précis pour la mise en œuvre d’une telle taxonomie. Selon les experts, elle permettrait d’attirer les capitaux nécessaires pour combler un déficit annuel de dépenses estimé à 115 milliards de dollars, nécessaire pour que le Canada atteigne le niveau zéro net d’ici à 2050.

Interrogée sur les retards dans la mise en œuvre du système, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a déclaré lors d’une conférence de presse le mois dernier que le gouvernement « travaillait dur pour achever le processus le plus rapidement possible ».

En l’absence d’une telle taxonomie, le secteur financier est vulnérable à l’écoblanchiment, prévient John Cook, vice-président principal et gestionnaire de portefeuille chez Investissements Mackenzie à Toronto.

Les gestionnaires d’investissement n’ont ainsi pas de définition pour savoir quelles activités d’une entreprise sont considérées comme durables, ce qui est particulièrement important pour les conglomérats aux activités diverses.

« Je pense vraiment que c’est un gros problème à l’heure actuelle, même si l’on s’intéresse à ce que fait l’entreprise, à ce qui est inclus dans ce panier », affirme John Cook.

Une taxonomie des investissements climatiques est également essentielle pour évaluer les risques liés au climat, qui sont en constante évolution, souligne Javinder Sidhu, directeur de l’équipe chargée de l’analyse et de la divulgation des données climatiques au sein du Bureau du surintendant des institutions financières.

« La taxonomie est un outil qui aidera nos institutions financières à interagir avec l’économie réelle et à s’assurer que nous disposons d’une approche scientifique pour identifier certaines des caractéristiques de risque des prêts et des véhicules d’investissement à l’avenir », continue-t-il.

Le Canada doit également agir plus rapidement pour établir ses propres normes de durabilité pour l’information financière, en s’inspirant des normes établies par l’International Sustainability Standards Board, a déclaré Geneviève Morin.

Le Conseil canadien des normes de durabilité a publié ses projets de normes — les normes canadiennes de divulgation de la durabilité 1 et 2 — au début de l’année. Ces normes sont soumises à consultation jusqu’au 10 juin.

« Les normes sont importantes, non seulement pour nous, mais aussi pour les entreprises elles-mêmes. Sinon, elles se verront poser une question de cinq manières différentes par cinq institutions différentes, et elles perdront beaucoup de temps et d’argent à rendre compte de leurs activités », rappelle Geneviève Morin.