Les actifs sous gestion de cette firme indépendante au Canada ont en effet bondi de 70 % depuis un an et totalisent aujourd’hui 3,6 milliards de dollars, comparativement à 2,1 G$ il y a un an. Cette performance dépasse largement les attentes de la société de gestion helvétique qui, lors de son entrée au pays, avait prévu y gérer des actifs de 1,86 G$ à la fin de 2017.
« Notre croissance a été deux fois plus rapide qu’anticipée. C’est un bel accomplissement », constate Rémi Colcombet, responsable ventes institutionnelles, qui œuvre au bureau de la firme de gestion à Toronto.
Cette hausse est principalement attribuable à l’augmentation du nombre de clients canadiens d’Unigestion qui en compte aujourd’hui 18, dont une majorité au Québec (10). Le Mouvement Desjardins a été la première institution à faire confiance à Unigestion, dans le cadre d’un appel d’offres en avril 2012. Une décision qui a amené la société suisse, fondée en 1971 et qui compte sept bureaux à l’étranger, à s’implanter au Canada, d’abord à Toronto en décembre 2013 puis à Montréal six mois plus tard.
« Le choix initial a été purement opérationnel puisque nous avons d’abord trouvé un gestionnaire à Toronto. Il est vrai aussi qu’une présence à Toronto envoyait le message que nous voulions avoir une stratégie nationale », explique Rémi Colcombet, en précisant que la société de gestion compte aujourd’hui 4 clients en Ontario, 3 en Saskatchewan et 1 en Alberta. Outre Desjardins, le Régime de retraite de l’Université du Québec et le Saskatchewan Healthcare Employees’ Pension Plan figurent aussi parmi la clientèle d’Unigestion.
Le succès d’Unigestion au Québec, qui génère 65 % des actifs sous gestion de la firme, s’explique d’abord par le français comme langue commune, mais aussi par une culture différente du reste du Canada en matière d’investissements. Au Québec, « les investisseurs institutionnels sont plus enclins à la nouveauté, tandis qu’ils sont plus conservateurs ailleurs au pays. Et le processus de décision est beaucoup plus long. Il peut s’écouler de deux à trois ans entre le premier contact et le moment d’investir », constate Rémi Colcombet.
Mais Unigestion, dont la présence au pays est encore jeune, se dit patiente. « On est Suisse, donc de nature calme et patiente, et nous avons une vision à long terme. Nous ne sommes pas venus ici pour repartir aussitôt », dit-il. D’autant, précise-t-il, que les actifs sous gestion d’Unigestion au Canada atteignent aujourd’hui plus de 10 % des quelque 31 G$ d’actifs gérés par la société suisse.
La nature même d’Unigestion, qui se targue d’être une société de gestion de type boutique avec de grandes capacités d’investissement, n’est pas étrangère à ce succès. « Nous sommes par essence des spécialistes. Donc, nous ne vendons pas de tout comme les grands gestionnaires qui ressemblent à une usine avec des offres très standardisées. À partir du moment où les investisseurs optent pour une gestion active, avec une capacité de livrer de l’alpha, ils se tournent donc vers des spécialistes », affirme Rémi Colcombet.
Unigestion estime que sa spécificité et ses champs d’expertise lui permettront d’accentuer sa présence au pays. Elle mise notamment sur ses stratégies actions qui s’appuient sur une analyse des risques à 360 degrés. Cette analyse quantitative et qualitative couvre plusieurs aspects comme le risque de marché, les données statistiques, les valorisations, la diversification et les considérations macro-économiques, de même que des facteurs sociaux et environnementaux.
Cette approche est d’autant plus appropriée que « bon nombre de fonds de pension ont maintenant tendance à diminuer le risque après une période de valorisation des marchés qui durent depuis 2009 », constate Rémi Colcombet.
Les placements privés sont le deuxième pilier de développement d’Unigestion qui, en février dernier, acquérait la firme suisse Akina qui se spécialise dans les occasions d’investissement sur les marchés européens des petites et moyennes capitalisations. « Il y a une belle complémentarité alors que nous avions un rayonnement plus mondial », souligne Rémi Colcombet.
Encore là, ajoute-t-il, les investisseurs sont de plus en plus à l’affût des opportunités d’investissement dans le marché prometteur des placements privés, tant dans les domaines des infrastructures que de l’immobilier. « Nous sommes en discussions avec des investisseurs qui n’ont jamais fait de placements privés auparavant », précise-t-il.
Unigestion cible principalement les transactions de petite taille, allant de 5 à 30 M$US, qui ne font pas l’objet d’enchères. La concurrence est ainsi limitée et la stratégie d’investissement reste peu affectée par la volatilité des marchés, fait valoir la société de gestion.
Enfin, Unigestion affirme compter sur une stratégie multi-actifs qui se démarque des fonds de croissance diversifiés classiques. Cette approche, gérée activement, repose sur une méthode associant l’analyse macroéconomique et des décisions d’allocation fondées sur la gestion du risque.
« D’ici la prochaine crise, beaucoup d’investisseurs vont réaliser que ce type de portefeuille est beaucoup plus défensif qu’une gestion diversifiée classique », croit Rémi Colcombet. D’ici là, il souhaite d’ailleurs lancer un fonds canadien multi-actifs qui répondra à ces besoins d’investissement.