Alain Desbiens, vice-président pour le Québec et l’Atlantique chez BMO gestion mondiale d’actifs, concède que Larry Berman est une personnalité médiatique : «Mais ce n’est pas pour cette raison que nous sommes allés le chercher. C’est tout simplement parce qu’il est très bon gestionnaire».
Il soutient que Larry Berman avait fait ses preuves dans le monde de la finance. Il a été l’un des premiers gestionnaires à couvrir les FNB. Avant de fonder ETF Capital Management, en 2006, Larry Berman a occupé le poste de stratège technique en chef à Marchés mondiaux CIBC où, dès le début des années 2000, il élaborait des stratégies de gestion de FNB.
Il y a des avantages à passer à la télévision, admet Larry Berman en entrevue avec Finance et Investissement : «Ça assure une certaine visibilité et ça me permet d’avoir le pouls des investisseurs». Quant à savoir si cette présence se traduit par une augmentation de sa clientèle, il dit : «Je ne sais pas… mais je l’espère bien».
Toutefois, selon lui, il est important de distinguer son rôle d’animateur et celui de gestionnaire. «À la télévision, c’est de l’éducation financière que je fais. J’explique les paramètres dont je tiens compte pour prendre une décision. Mais ce qui est bon pour moi ou pour un type de clientèle n’est pas nécessairement ce qu’il faut pour tout le monde. Pour avoir des conseils bien précis et adaptés à notre réalité, c’est vers un gestionnaire qu’il faut se tourner.»
Garder un oeil sur le dragon
Kevin O’Leary est une des plus importantes «célébrités» du monde de la finance à passer au petit écran. L’homme d’affaires, né à Montréal en 1954, est le cofondateur et président du conseil de Gestion de Fonds O’Leary.
Il a fait sa fortune en 1999 en revendant une entreprise de logiciels à Mattel pour 3,7 G$. Il fait aujourd’hui partie du plateau de l’émission de télé-réalité de la CBC, Dragon’s Den, version anglophone de Dans l’oeil du Dragon.
Connor O’Brien est cofondateur, chef de la direction et chef des placements des Fonds O’Leary. Il ne s’en cache pas : «Kevin est une marque». D’ailleurs, sa présence médiatique fait partie du modèle d’affaires de la société.
«Sur le plan du marketing, ça nous assure une visibilité, et l’argent que nous n’investissons pas dans le marketing, nous pouvons l’investir ailleurs pour améliorer nos performances financières», dit-il.
La présence médiatique n’a-t-elle que de bons côtés ? Pas nécessairement. Le style tranché et incisif de Kevin O’Leary en fait sourciller plus d’un. Par rapport à Larry Berman, qui souligne l’importance pour un gestionnaire «de tracer une ligne entre l’éducation financière et le divertissement», Kevin O’Leary peut s’emporter. C’est le style de ce personnage qui a fait ses débuts au petit écran aux côtés du très coloré Don Cherry, à la fin des années 1980.
Résultat : d’autres gestionnaires l’ont à l’oeil. Mark McQueen est l’un d’eux. Le PDG de Wellington Financial LP analyse régulièrement sur son blogue, d’une façon extrêmement critique, les résultats, manoeuvres, stratégies et position des Fonds O’Leary.
Dès 2008, il expliquait les raisons qui le poussaient à surveiller Kevin O’Leary : «Vendre à bon prix une entreprise à Mattel alors que nous sommes au sommet de la bulle informatique n’est pas une garantie de réussite dans le choix des investissements futurs. […] Si des investisseurs particuliers cherchent des superstars pour gérer leurs investissements, ils peuvent se tourner vers de nombreux gestionnaires qui ont fait leur preuve dans le secteur ; je pense à Warren Buffet, à Hal et Duncan Jackman, et à la famille Desmarais».
Ces critiques font partie du quotidien des Fonds O’Leary, note Connor O’Brien. Il sait que son associé en affaires peut déranger. «Kevin a des positions tranchées et colorées… mais en fin de compte, même des gens qui ne l’aiment pas peuvent apprécier le fait qu’il soit direct. Les gens savent qu’avec lui, ils ont toujours l’heure juste.» Selon lui, Fonds O’Leary tire plus d’avantages que d’inconvénients de la présence médiatique de ce dragon.