Le déficit du Canada pour l’exercice 2021 s’élèvera à 381,6 milliards de dollars (G$). Un tel chiffre, aussi gros, demeure toutefois peu significatif. Pour mieux illustrer la situation, plutôt que de recourir à l’habituel ratio dette/PIB, le National Post a choisi d’illustrer de différentes manières le déficit que le Canada a accumulé au court de la dernière année, alors qu’il était engagé à contrer les effets de la COVID-19 sur l’économie.
Les chiffres sont certainement plus parlants, mais pas le moins du monde rassurants.
27,80 $ par jour, par habitant…
Au dernier recensement, le Canada comptait 37,6 millions d’habitants. Si l’on divise le déficit fédéral total de 2020, cela signifie que le Canada a emprunté 10 151,63 $ par habitant. Vu autrement, on pourrait dire que le gouvernement a emprunté 27,80 $ à chaque jour à chacun des Canadiens.
Une autre Seconde Guerre mondiale
Avant la pandémie, il était admis que la chose la plus onéreuse entreprise par le Canada était sa participation à la Seconde Guerre mondiale. De 1939 à 1950, cette guerre a coûté 21,8 G$, soit 386 G$ si l’on convertit ce montant à la valeur actuelle des dollars canadiens…
Un déficit qui vaut tous les déficits
La crise financière de 2008 a eu un lourd impact sur les finances canadiennes, les faisant plonger dans le rouge après onze ans d’excédents budgétaires. Mais même cet événement qui entraîna la pire année en matière de dépenses aura engendré une perte qui s’avère équivalente à un déficit de 56,4 G$. En fait, même en additionnant l’ensemble des déficits enregistrés pour les années comprises entre 2008 et 2020, on obtient un déficit dont la valeur totale consolidée est de 147 G$. Cette somme, cumulée en dix ans, a été égalée en seulement cinq mois en raison de la COVID-19, un record!
L’équivalent de deux programmes Apollo
Le programme spatial Apollo mené par la NASA entre les 1961 et 1972, dont le pont d’orgue a permis à un équipage de marcher sur la lune, a coûté environ 25,4 G$ US, soit l’équivalent actuel de 194 G$ canadiens modernes. Le déficit prévu de 2021 engendré par la COVID-19 pourrait donc financer l’équivalent de deux programmes pionniers d’exploration spatiale.
Il est bon de préciser que les 25,4 G$ US n’ont pas seulement servi à payer l’expédition de Neil Armstrong et Buzz Aldrin en 1969. Non, cet argent a permis en réalité d’effectuer cinq expéditions habitées vers la surface lunaire, de même qu’une expédition ratée, ainsi que la mission de 1975 au cours de laquelle une capsule Apollo s’est unie en orbite au vaisseau soviétique Soyouz 19.
Plusieurs années de production mondiale d’or
En 2019, la production mondiale d’or a atteint 3 531 tonnes. Une fois convertie en dollars, en tenant compte du cours actuel de l’or, la valeur de cette production est évaluée à environ 76,2 G$, soit un cinquième environ du déficit canadien.
Un pont pour rejoindre l’Irlande
Évidemment, l’idée est risible. Mais le pont de 12,9 kilomètres menant à l’Île-du-Prince-Édouard a été construit pour environ 1,54 G$, une fois le coût original converti à la valeur actuelle. Ainsi, avec le rythme d’accumulation du déficit en 2020, Ottawa aurait pu financer la valeur d’un tel pont environ toutes les 36 heures. Mis bout à bout, cela équivaudrait à 248 ponts, pour un total de 3200 km, c’est-à-dire la distance séparant St. John’s de Dublin, en Irlande.
L’excédent de 2001 enterré
En 2001, Jean Chrétien avait réussi à terminer l’année avec un excédent de 19,891 G$. Une bonne nouvelle, après la crise des années 1990 qui avait mené la dette canadienne à ne pouvoir être financée qu’à des taux d’intérêt alors comparable à ceux obtenus par les pays du tiers monde.
Une fois la valeur du dollar de 2021 convertie, l’excédent de 2001 ne représente qu’environ 28,5 M$, soit l’équivalent de 28 jours de déficit fédéral dans le cadre du budget actuel.
Évidemment, l’économie canadienne est en mesure d’absorber des quantités bien plus importantes de dette souveraine. Toutefois, notre rapport dette/PIB se rapproche dangereusement du taux de 66 % qui a presque ruiné le pays il y a 30 ans, note le National Post.