«Si vous aviez besoin d’une autre raison pour vous convaincre que la Banque du Canada ne relèvera pas ses taux d’intérêt de sitôt, ne regardez pas plus loin que les données sur l’inflation publiées aujourd’hui», écrit Sherry Cooper, économiste pour BMO Groupe financier.
La baisse de l’indice des prix à la consommation (IPC) en décembre est plus prononcée que prévu, signale Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.
En moyenne, les prix ont reculé de 0,6 % au pays, notamment en raison du repli de 4,4 % des prix des vêtements, de 2,4 % des prix de l’essence et de 1,2 % des prix dans le secteur automobile.
Les données parlent d’elles-même: le Canada affiche un des plus faibles taux d’inflation parmi les pays développés, note Mme Cooper.
Inflation modérée jusqu’à la mi-2014
«Les statistiques d’inflation ont été bien plus faibles que prévu, traduisant non seulement une baisse des prix de l’énergie, mais essentiellement une augmentation des capacités économiques inutilisées au Canada», écrit Krishen Rangasamy, économiste pour la Banque Nationale.
Marie-Claude Guillotte, économiste à la Banque Laurentienne, abonde dans le sens de M. Rangasamy. «L’environnement de désinflation qui s’est amorcé au cours de 2012 n’est pas que le reflet de prix de l’essence plus faible, mais plutôt une croissance économique modeste exerçant peu de pressions sur les prix. À cela s’ajoute une période d’endettement élevé chez les ménages, les incitant à faire des choix plus réfléchis avant de passer à la caisse.»
Le fléchissement des prix observé en fin d’année au pays s’ajoute en effet à une kyrielle d’autres données économiques qui témoignent de la faiblesse de l’économie canadienne. L’endettement des ménages est à un sommet historique, tandis que le secteur immobilier a considérablement ralenti à la fin de 2012. Dans certains marchés du pays, dont Vancouver, l’immobilier est même en mode correction. Lisez Immobilier: les ventes de maisons chutent de 17%, le marché en mode correction
Dans ce contexte, les économistes prévoient que les prix augmenteront modestement en 2013. «Ce n’est qu’au deuxième semestre de 2014 que l’inflation atteindra la cible de 2 %, au même moment où les capacités de production excédentaires auront été absorbées», soutient Mme Guillotte.
Cela dit, Benoit Durocher juge improbable que la Banque du Canada ne réduise son taux cible de fonds à un jour (le taux auquel elle prête aux institutions financières) à court terme, «à moins d’une catastrophe économique».