Selon l’économiste, la volatilité en provenance de la Chine est l’un des principaux moteurs de cette dégringolade boursière: « Il y a un message lancé par les investisseurs, comme quoi il y a beaucoup d’inquiétudes par rapport à ce qui se passe mondialement, particulièrement en Chine. »
Rappelons que, lundi, l’indice composite de Shanghai a connu une baisse de 8,5 %, ce qui représente son plus important recul en une journée depuis le déclin de 8,8 % enregistré le 27 février 2007. L’indice est en baisse de 38 % par rapport à son sommet du 12 juin, et inférieur d’un pour cent comparativement à son niveau de clôture du 31 décembre, le dernier jour de transactions de 2014.
« Tout ça part beaucoup de la Chine où on était dans un contexte de bulle. Ce qui est intéressant de constater c’est que, malgré les chutes qu’on a connues durant les dernières semaines, on vient tout juste d’entrer en territoire négatif depuis le début de l’année. Ça illustre à quel point on était en situation de surévaluation. C’est possible qu’il y ait encore d’autres pertes », soutient Jimmy Jean.
Il souligne toutefois qu’une certaine partie de l’instabilité est notamment attribuable à la période de l’année propice à un manque de liquidités qui favorise les mouvements brusques sur le marché.
« Pendant l’été, alors que beaucoup d’investisseurs sont en vacances, il y a souvent moins de liquidités sur le marché et ça se prête à plus d’exagération dans les mouvements de panique, souligne Jimmy Jean. De plus, depuis les dernières années, il y a moins de liquidités en général sur les marchés. Les grands négociants détiennent des inventaires réduits en raison des contraintes réglementaires. Ça fait en sorte qu’on assiste à ces mouvements qu’on a de la difficulté à expliquer sur une base fondamentale.»
Afin de déterminer la suite des choses, l’économiste gardera un oeil sur les données en provenance de la Chine: « Les prochains chiffres sur la production industrielle seront importants. Nous pourrons voir à quel point le ralentissement se fait de manière contrôlée ou précipitée. Toutes les données en provenance des marchés émergents seront quand même assez importantes.»
Quant aux conséquences sur les marchés canadiens, très orientés sur les ressources naturelles dont la Chine est une grande consommatrice, les aléas boursiers vécus notamment chez les assureurs et les institutions financières durant les derniers mois ne sont pas nécessairement justifiés, selon Jimmy Jean.
« La débâcle des assureurs et des institutions financières, qui s’est précipitée la semaine dernière, nous laisse un peu plus perplexe. Est-ce que c’est complètement justifié? D’après nous, ça ne l’est pas complètement. Il n’y a pas lieu de céder à la panique puisque les consommateurs dépensent toujours et que, malgré les problèmes liés au pétrole, le marché de l’emploi évolue normalement.»
Les investisseurs étrangers auraient aussi leur part de responsabilité dans ces mouvements boursiers: « Il y a eu beaucoup d’intérêt de la part des investisseurs étrangers envers le marché canadien durant les dernières années. Ils connaissent le contexte canadien et ils choisissent de actuellement réallouer leurs portefeuilles sous d’autres cieux, ce qui exacerbe les mouvements boursiers.»
Avec la Presse canadienne
Photo Shutterstock