Brexit: résister à la panique
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Le vote de jeudi dernier où la Grande-Bretagne a décidé de quitter l’Union européenne a créé des ondes de choc dans tous les marchés financiers. La livre britannique a sombré, comme l’ont fait les marchés boursiers du monde entier au crépuscule de la journée boursière. La bonne nouvelle est que l’or a grimpé et que les obligations gouvernementales américaines se sont positionnées pour avoir une très bonne journée vendredi.

 

Ce type de fluctuations peut créer chez les investisseurs une réaction de lutte ou de fuite : le désir de passer à l’action d’une manière ou d’une autre. Ceux qui veulent se battre pourraient être tentés d’aller à la pêche miraculeuse dans tout ce chaos. Vendredi matin, par exemple, j’ai reçu un courriel d’une amie me demandant si je pensais que c’était le bon moment pour déployer dans les actions l’argent comptant qu’elle possédait depuis longtemps. D’autres investisseurs considèrent la volatilité boursière extrême comme une invitation à décamper et prendre refuge dans la sécurité des liquidités jusqu’à ce que les choses se calment.

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Pourtant, la volatilité boursière extrême n’est presque jamais le bon moment pour prendre des mesures extrêmes avec son portefeuille, que ces manoeuvres soient volontaristes ou défensives. Il n’y a aucun moyen de savoir si le choc du Brexit va sonner le glas des marchés boursiers mondiaux à court terme. Donc, bien que la pêche miraculeuse dans le chaos puisse être une action raisonnable pour les investisseurs qui ont tout le temps du monde devant eux, ceux-ci feraient bien d’être volontaristes, de bien rechercher leur sujet, de choisir leur angle d’attaque et de mettre leur argent au travail pendant plusieurs semaines plutôt que d’un seul coup. Oui, il se peut qu’ils laissent de l’argent sur la table si les actions se remettent dans la course après avoir digéré la nouvelle du Brexit, mais je soupçonne que nous allons voir les actions plonger plusieurs fois d’ici la fin de l’année. Et de toute façon, c’est toujours mieux d’être un investisseur qu’un spéculateur.

Et ce ne sont pas non plus les investisseurs à l’âme défensive qui choisissent toujours le bon moment pour prendre refuge dans les liquidités. L’investisseur qui se retire des actions et d’autres actifs en déconfiture s’achète bel et bien un réconfort à court terme quand les marchés continuent à être chaotiques, mais cette impression paisible peut s’avérer éphémère lorsque les actions se redressent. Lorsque cela se produit, ce qui a été une impression paisible est habituellement remplacé par une sourde inquiétude quant au moment de repartir au combat, ce qui peut être terriblement difficile à juger. Encore aujourd’hui, je continue de recevoir des messages d’investisseurs qui ont pris un parti défensif au cours de la crise financière de 2008 et n’ont toujours pas déployé leurs liquidités.

Pourtant, et quelle que puisse être la pertinence des recommandations d’immobilisme, ne rien faire peut engendrer un sentiment d’impuissance. En songeant à votre portefeuille aujourd’hui, voici quelques mesures que vous pouvez prendre pour vous assurer de rester sur la bonne voie.

Répétons en chœur : « Ce qui importe, c’est ma capacité d’assumer le risque »

On a inculqué à la plupart des investisseurs la vertu de sonder leur tolérance au risque; dans le cadre de leurs recommandations quant aux combinaisons d’actions et d’obligations, de nombreuses firmes de services financiers utilisent depuis longtemps l’auto-évaluation par les investisseurs de leur capacité à gérer psychologiquement leurs pertes. Pourtant, le concept vraiment important est la capacité d’assumer le risque : quelles pertes un investisseur peut-il supporter avant d’avoir à remanier un objectif?

Les investisseurs encore très loin de la retraite (disons à dix ans ou plus) ont une capacité d’assumer le risque assez élevée. Cela veut dire que quelle que soit la façon dont ils ressentent les pertes à court terme, ils ont tout lieu de s’en remettre au cours du temps dont ils disposent. Pour cette raison, ces investisseurs devraient avoir positionné leur portefeuille de façon dynamique, avec au moins 50 % d’actions; compte tenu du faible rendement actuel des obligations et des liquidités, un portefeuille positionné de façon prudente préservera à peine son pouvoir d’achat, avec peu de chances d’obtenir une croissance.

Les investisseurs qui s’approchent de la retraite ou qui y sont déjà, quant à eux, ont une capacité d’assumer le risque inférieure. Même s’ils n’ont eu aucun problème avec leurs pondérations en actions pendant toute leur carrière d’investisseur, une pondération en actions trop dynamique pendant la retraite peut conduire à des pertes catastrophiques qui auraient de réelles implications sur les plans qu’ils ont échafaudés pour leur portefeuille. Un investisseur qui va bientôt partir à la retraite et voit son portefeuille plonger de façon spectaculaire, par exemple, pourrait être contraint de retarder son départ, alors qu’une personne déjà à la retraite dont le portefeuille subit de lourdes pertes peut être forcée de diminuer fortement les retraits de son portefeuille. Pour les investisseurs trop dynamiques qui sont sur le point d’avoir besoin de leur argent, les chutes boursières pourraient en fait être le signal d’alarme pour qu’ils trouvent le moyen de mettre sur pied une combinaison de titres mieux adaptée à la situation.

Évaluez vos réserves liquides

Alors qu’il est rarement conseillé de s’en tenir aux liquidités durant les marchés volatils, cela ne veut pas dire qu’on ne devrait pas avoir par principe des réserves liquides à sa disposition. Donc, les marchés difficiles peuvent être le bon moment d’évaluer la viabilité de vos avoirs liquides. (Ne comptez pas les encaisses de vos fonds mutuels, car vous ne pourriez pas y accéder si vous en aviez besoin.)

Il est vrai que les liquidités ne rapportent presque rien de nos jours. Mais si votre client approche de la retraite ou qu’il y est déjà, avoir un coussin de six mois à deux ans de frais de subsistance peut vous aider à couvrir leurs dépenses familiales sans devoir s’attaquer à des actifs déprimés. (Notez bien que quand je mentionne six mois à deux ans, je parle des frais de subsistance qui ne sont pas pris en charge par des prestations gouvernementales ou par une pension. Si ces sources stables de revenu vous pourvoient de vos principaux besoins de subsistance, votre encaisse pourra demeurer assez faible.) Ce coussin liquide est la cheville ouvrière de la stratégie par segments de planification d’un portefeuille de retraite.

Les chasseurs d’aubaines à toutes les étapes de la vie devraient aussi utiliser une chute boursière comme motivation pour vérifier les réserves liquides de leur portefeuille, de façon à ce qu’ils aient des actifs prêts à déployer une fois leurs recherches effectuées. Ou alors, ceux qui préfèrent déléguer à d’autres le travail de tri pour trouver les bonnes affaires devraient peut-être augmenter les sommes qu’ils allouent aux fonds communs axés sur la valeur qu’ils détiennent dans leur portefeuille.

Rééquilibrez

Non contents de vous permettre d’évaluer les avoirs liquides de vos clients, les marchés turbulents donnent une bonne occasion de vous faire réévaluer les mécanismes d’équilibrage de leurs portefeuilles. Est-ce qu’il y a des portefeuilles qui ont le potentiel de réaliser des gains, ou du moins de ne pas perdre trop d’argent, en marchés baissiers? L’or a monté en flèche à la nouvelle du Brexit, mais il est extraordinairement volatil et il est impossible de juger sa valeur intrinsèque. Je préfère des agents de diversification plus classiques : détenir une allocation raisonnable à un fonds obligataire simple et de qualité supérieure va déjà en faire beaucoup pour ancrer un portefeuille qui a une participation importante aux actions.

Trouver des moyens de réaliser des économies fiscales

Bien entendu, on ne peut pas savoir si la panique boursière qu’a occasionnée le Brexit va être fugitive ou si elle va durer. Dans le second cas, il est important de se rappeler que la lueur d’espoir dans les liquidations boursières est la capacité d’améliorer sa position fiscale. Ceux qui investissent dans des comptes imposables, par exemple, devraient essayer de repérer des positions qui ont chuté à un niveau plus bas que leur prix d’achat; la vente de ces avoirs déclenchera une perte fiscale qui pourra être utilisée pour contrebalancer les gains en capital ailleurs dans le portefeuille ou être reportée à une année ultérieure. Sachez qu’on ne peut pas racheter le même titre dans les 30 jours qui suivent celui où on l’a vendu sans déclencher la règle de la perte superficielle, qui disqualifie une perte fiscale. Mais on peut acheter un titre du même acabit, par exemple vendre une action bancaire pour en acheter une autre, ou vendre une action bancaire pour acheter un fonds négocié en bourse axé sur les banques.