On compte actuellement 198 fintechs au Québec regroupant 18 894 employés, dont 80% sont situées dans la région de Montréal, selon le Rapport Fintech Québec, produit par Fathom4sight, Finance Montréal et la Station Fintech Montréal. Depuis 2021, 10 autres noms ont surgi dans l’écosystème, notamment, FinCrimeTechAI, Mogo, SR.ai et wiseday.
« Les fintechs ont tendance à se développer autour de centres financiers », fait ressortir Julien Brault, pdg et fondateur de Hardbacon, une société qui a développé une application de gestion budgétaire et financière. C’est pourquoi l’Ontario, avec Toronto, premier centre financier au pays, regroupe le plus grand nombre de fintechs au pays, abritant 750 firmes, selon Invest Ontario.
Le Québec compte quelques étoiles, par exemple Hopper, qui a tout récemment levé 44 M$ en placement privé, et Shakepay, TickSmith Corp. et Clear Estate qui viennent de récolter 44,4 M$, 25,3 M$ et 16,8 M$ respectivement en capital de risque. À ce jour, le secteur a recueilli 154 M$ en investissements.
Bien qu’il ne bénéficie pas de la présence financière prépondérante de Toronto, le Québec tient bien sa place dans l’ensemble canadien. Entre 2018 et 2021, 54 sociétés ont pris leur envol contre 222 pour le Canada, soit une proportion de 24%, ce qui représente un peu plus que le poids démographique de la Belle Province au pays (22,4%, selon Statista). Notons que le Canada, pour sa part, se taille une place de choix dans l’écosystème fintech mondial avec 600 sociétés en 2018, selon Fintech Canada, contre 4 000 aux États-Unis et 1 600 au Royaume-Uni.
Quand vient le moment des financements spectaculaires, Montréal vole toutefois la vedette à Toronto, notamment grâce au premier appel à l’épargne publique de 700 M$ effectué par Nuvei, plus important PAPE jamais réalisé jusque-là sur le parquet du TSX. Grâce aussi aux deux financements de haut profil de Lithtspeed Retail (35 M$) et de Blockstream (21 M$) qui ont ouvert la voie aux récentes performances de Hopper, Shakepay et TickSmith.
Le rapport Fintech Québec retient 17 catégories parmi lesquelles se répartissent les sociétés québécoises. La plus importante, les technologies de paiement, abrite 25% des firmes. On y retrouve notamment des firmes comme Nuvei et Lightspeed. La nomenclature est suivie par les technologies d’investissement (12,7%), la gestion de patrimoine et d’actifs (9,6%) et l’AssurTech (9,1%). À Toronto, on trouve un écosystème plus varié, fait ressortir Julien Brault, notamment le robo-conseil, la surveillance de cotes de crédit et la gestion de paye.
Le modèle d’affaire B2B (business-to-business) domine au Québec, 50,3% des sociétés s’y conformant, contre 29,4% adoptant le modèle B2C (business-to-consumer) et 20,3%, le modèle B2FI (business-to-financial institution).
Le rapport relève quelques lignes de fond des fintechs au Québec. Aucune super application n’a encore vu le jour, peut-on y lire, cependant « les produits bancaires et de paiement deviennent de plus en plus des services financiers intégrés dans les plateformes non financières des consommateurs et des PME. On peut saluer aussi l’émergence de « banques alternatives » pour PME et particuliers, le lancement de Pillar ayant haussé à trois le nombre de telles plateformes au Canada.
Bien que les fintechs bénéficient d’un accès plus facile au capital, en comparaison des autres secteurs technologiques, estime Julien Brault, tout ne baigne pas nécessairement dans l’huile. « L’accès au capital demeure difficile pour tout le monde », dit l’entrepreneur, qui note que notre environnement plus ardu a entraîné l’exil de bien des joueurs. « Je connais beaucoup de sociétés, dit-il, qui ont quitté le Canada ou se sont contentées de seulement garder une présence au pays. »