Trois femmes de différentes générations ont partagé les défis auxquels elles ont dû faire face dans cette industrie majoritairement masculine, lors d’un panel donné à l’occasion de la conférence Femmes dans l’industrie financière, à Montréal le 5 juin dernier.
Bien que les années les séparent, Chantal Denault, conseillère financière et représentante en épargne collective à Services Financiers Chantal Denault ; Monettte Malewski, présidente et directrice générale du Groupe M Bacal et Christiane VanBolhuis, conseillère en sécurité financière, en assurance et rentes collectives et planificatrice financière à Solutions financières Wallace & VanBolhuis Financière Sun Life, ont embrassé leur carrière avec passion et un certain culot.
Apprendre à accepter notre différence
« À l’époque, quand j’entrais dans les salles, il y avait très peu de femmes et tout le monde était habillé en gris, blanc ou noir. Moi, j’étais toujours en couleur. Dans ce milieu, il faut oser et assumer qui nous sommes », affirme Monette Malewski.
Chantal Denault, qui a aussi travaillé dans le domaine juridique et le secteur agricole, connait bien le fait d’être une femme évoluant dans des milieux masculins. Elle rejoint Mme Malewski sur ce point. Elle-même avoue toujours devoir aller dans sa zone d’inconfort pour faire ce qu’elle veut.
Pour Christiane VanBolhuis, ce n’est pas tant le fait d’être une femme que d’être jeune qui a été plus difficile à faire accepter à ses clients. « Au début, quand j’ai commencé, je détonais du profil typique du conseiller ou du planificateur financier », se souvient-elle.
Pourtant les trois femmes ont réussi à passer outre les préjugés en faisant preuve de professionnalisme et en montrant leur expertise dans leur domaine. « Si on monte une bonne pratique, qu’on apprend à travailler en équipe et qu’on fait un bon travail, c’est sûr que les gens vont finir par reconnaître notre valeur », déclare Monette Malewski.
« Être une femme n’est pas une maladie, plaisante Chantal Denault, il faut qu’on prenne notre place. »
De nombreux préjugés
Mais être différente n’est pas toujours évident. Il faut savoir faire face aux préjugés ou à certaines remarques désobligeantes. Monette Malewski siège au conseil d’administration (CA) d’Investissement Québec. Si elle avoue avoir obtenu son premier mandat parce qu’elle avait un bon ami qui travaillait là, ses deux mandats suivants, elle les a eus car elle a su faire ses preuves et montrer qu’elle avait sa place sur le CA. Pourtant, elle entend encore certaines personnes affirmer qu’elle est là seulement grâce à ses relations.
« Ce n’est pas une remarque que l’on aurait faite à un homme, souligne-t-elle. Les gens semblent surpris quand une femme fait un beau geste, comme si elle n’en était pas capable. »
Christiane VanBolhuis avoue également avoir noté certaines remarques désobligeantes. Elle se rappelle ainsi avoir entendu des hommes lors d’un événement prestigieux, dire qu’une femme n’était là que parce qu’elle était belle.
Elle-même déplore ce type de commentaires que l’on ne ferait jamais à un collègue masculin. Selon elle, ces remarques nuisent à l’industrie et aux femmes, surtout que souvent, celles-ci ont déjà le syndrome de l’imposteur et pensent qu’elles ne devraient pas être là.
Difficile conciliation travail-famille
Être indépendante offre des horaires plus flexibles, mais il faut également être prêt à prendre des risques. Les trois femmes ont pourtant choisi cette voie. Christiane VanBolhuis avoue que cela n’a pas toujours été facile particulièrement lors de son congé maternité. « Le sentiment de culpabilité m’habitait parce que je ne pouvais pas être autant avec mon enfant que je le voulais, explique-t-elle. Mais en même temps quand il y a une collation spéciale à la garderie, je suis là parce que j’en ai la possibilité. »
Monette Malewski met en avant le fait que dans la vie il y a des hauts et des bas. Une femme doit être gestionnaire dans sa carrière, mais aussi dans sa vie personnelle. Selon elle, il faut pouvoir déterminer quel est le meilleur moment pour réaliser chaque tâche et savoir faire preuve de patience. « On ne peut pas tout faire en même temps. Aujourd’hui j’ai beaucoup de temps pour faire des choses que je ne pouvais pas faire étant jeune », affirme-t-elle.
Chantal Denault, quant à elle, a décidé de ne pas assister à trop de 5 à 7. Pour faire du réseautage, elle préfère s’impliquer dans sa communauté culturelle. Cela lui permet de suivre ses quatre enfants dans leurs activités tout en rencontrant de nouvelles personnes et donc des clients potentiels.
« L’équilibre parfait n’existe pas, car la vie n’est pas statique. Il faut apprivoise le concept de It’s good enough et savoir bien s’entourer », conclut Christiane VanBolhuis.