Après plusieurs mois de suspense, la nomination de Ted Pick marque un nouveau chapitre dans l’histoire de la banque américaine. Le PDG nouvellement élu succèdera en janvier prochain à James Gorman, qui a dirigé le géant de Wall Street pendant 14 années. Âgé de 65 ans, le vétéran de la finance assumera le rôle de président exécutif pour assurer la transition pendant une période indéterminée.
Ted Pick, âgé de 54 ans, n’est pas un nouveau venu chez Morgan Stanley. Il œuvre depuis près 30 ans au sein de l’institution financière. Depuis deux ans, il occupe les fonctions de coprésident. À ce titre, il est chargé notamment de la banque d’affaires et des marchés de capitaux.
Il s’apprête à marcher dans les pas d’un pilier de la finance. James Gorman est réputé avoir sauvé Morgan Stanley de la catastrophe après la crise financière de 2008. Les clients s’étaient alors détournés de la banque, ce qui avait provoqué des doutes sur sa survie.
À la suite de cette crise, l’ancien PDG avait entrepris une transformation sur plusieurs années, plaçant la gestion de patrimoine au cœur de sa stratégie. Cette refonte lui a permis non seulement de redonner à Morgan Stanley sa place sur l’échiquier de Wall Street, mais aussi de propulser sa valeur boursière au-dessus de celle de son rival Goldman Sachs, rapporte Think Advisor.
« En 15 ans, il nous a conduits de la quasi-faillite à une position gagnante », a déclaré Ted Pick lors de sa première interview après l’annonce de sa nomination. Le PDG élu a déclaré qu’il maintiendra la direction de Morgan Stanley et ne prévoit aucun changement de stratégie.
Une succession attendue
James Gorman avait annoncé en mai qu’il prévoyait de se retirer au cours de l’année. Ted Pick faisait figure de dauphin. Deux autres membres de la haute direction étaient en lice pour le poste : Andy Saperstein et Dan Simkowitz. Ils ont été nommés respectivement responsable de la gestion de la richesse et des investissements et co-président et responsable des titres institutionnels.
Dans une entrevue, le PDG a salué la décision unanime du conseil d’administration de promouvoir Ted Pick. Il a souligné l’expérience de son successeur en matière de restructuration, de gestion des risques, de relations clients et de technologie. « C’est un cadre de classe mondiale, et il comprend notre culture », a-t-il déclaré.
La décision finale a également été saluée avec soulagement par les actionnaires. « Cela apporte la clarté nécessaire et devrait aider à orienter la direction après des mois d’incertitude », a signalé Bloomberg Intelligence.
Regagner des parts de marchés
Élevé au biberon de Morgan Stanley, Ted Pick a gravi les échelons, d’abord comme analyste puis en tant que banquier pour le marché des capitaux. Après 2008, il a joué un rôle important à la tête de la division des actions à un moment où la banque perdait des clients. Sous sa direction, cette branche a retrouvé une position saine, dépassant même ses concurrents pour obtenir la première place.
Par la suite, Ted Pick a été chargé de redonner vie à la division des titres à revenu fixe, mission qu’il dont il s’est également acquitté avec succès. Toutefois, l’éclatement de l’affaire du fonds Archegos, en 2021, a terni ce bilan, faisant perdre 911 millions de dollars à Morgan Stanley. La banque fait par ailleurs l’objet d’une enquête de la justice américaine sur les pratiques de négociation de bloc, qui relèvent de la responsabilité de Ted Pick.
Le défi le plus pressant du nouveau PDG sera toutefois de faire regagner des parts de marché à l’activité d’investissement, en perte de vitesse après avoir cédé du terrain à Goldman Sachs et JPMorgan, retient Thinkadvisor. Dans le même temps, les investisseurs voudront s’assurer que l’activité gestion de fortune pourra continuer à attirer rapidement des actifs.