Finalisée en août dernier pour un montant de 420 millions de dollars, la transaction permettant à GMP Capital d’acquérir le reste de Richardson GMP n’a pas été de tout repos. Annoncée d’abord en février, la transaction a été révisée en août.
Avec la pandémie, il a fallu renégocier certains termes notamment pour refléter l’environnement économique, explique Marc Dalpé, membre du conseil d’administration de RF Capital Inc., société-mère de Patrimoine Richardson Limitée.
Pourtant en septembre, certains actionnaires comptaient encore voter contre. La transaction a fini par être approuvée à la majorité en octobre.
Marc Dalpé juge les réticences, de la part de certains actionnaires, tout à fait justifiées. « Dans la mesure où la mission de l’entreprise changeait, ça ne leur tentait pas nécessairement de garder leurs billes dans cette entreprise. Donc ils ont demandé qu’une partie des liquidités générées servent à racheter au moins en partie leur actionnariat », explique-t-il.
Une offre a été faite leur permettant de vendre leurs parts. « Ça a contribué à nettoyer pas juste l’organisation, la mission, la culture, mais aussi un peu l’actionnariat », relativise-t-il.
D’après lui, ces oppositions montrent bien le problème principal que visait à résoudre la transaction : l’opposition de vision des deux entreprises qui formaient Richardson GMP.
Deux visions distinctes
La firme Richardson GMP est née il y a une dizaine d’années de la combinaison de Partenaire financier Richardson et GMP capital. Ces firmes ont décidé de s’unir pour devenir un joueur plus important au niveau national.
« C’était deux boîtes qui étaient vraiment trop petites pour être rentables, donc ils ont décidé de consolider », explique Marc Dalpé.
Toutefois, « consolider au niveau légal ne consolide pas la vision et la culture », ajoute le conseiller en placement.
Alors que GMP Capital considérait ses conseillers en placement comme un réseau de distribution pour distribuer les produits financiers qu’elle fabriquait, Partenaire financier Richardson voulait naviguer davantage dans la gestion de patrimoine en général.
« C’était deux mentalités différentes concernant le rôle des conseillers en placement », souligne Martin Boulianne, CPA, CA, FCSI, Directeur de succursale, Patrimoine Richardson.
Après plusieurs années, les deux entreprises ont fini par réaliser que les intentions des deux actionnaires principaux n’étaient pas enlignées et qu’il fallait donc agir. L’entreprise GMP Capital, qui était l’entreprise cotée en Bourse, a donc vendu ses activités de financement d’entreprise à une firme américaine et s’est retrouvé avec un actif et des parts dans l’entreprise Richardson GMP. Elle a ensuite consolidé sa position en achetant les parts restantes de Richardson GMP.
« C’est RF Capital Group, qui est la compagnie publique qui détient le courtier en valeurs mobilières de plein exercice qui est membre de l’OCRCVM », résume Martin Boulianne.
De nombreux avantages
La transaction offre de nombreux avantages à la nouvelle firme qui en a découlé, estime Martin Boulianne. En devenant un placement coté en Bourse, la firme gagne tous les avantages d’une société en Bourse, soit :
- De l’accès à du capital
- Plus de suivi
- Plus de notoriété
Pour Martin Boulianne, cette transaction est surtout une bonne nouvelle, car elle va permettre à la firme d’avancer. « On était vraiment sur le neutre dans notre croissance, là notre intention est de croître rapidement au Québec et dans le reste du Canada », se réjouit-il.
« Ça donne accès à du capital et à des ressources qu’on n’avait pas avant. Ça met une clarté dans la vision, dans les actions à prendre pour livrer le potentiel que cette entreprise se donne depuis plusieurs années » ajoute Marc Dalpé.
Avec cette transaction, Patrimoine Richardson devient la principale entreprise indépendante de gestion de fortune au Canada. « Les deux autres qui sont de taille, qui avoisinent la nôtre, appartiennent à des intérêts étrangers, donc de contrôle canadien, on est la plus grosse », affirme Marc Dalpé, qui évalue les actifs sous gestion de la firme à environ 30 milliards de dollars.
Toutefois, malgré sa taille, la firme reste un « très petit joueur » dans l’univers de la gestion de patrimoine et ses trillions d’actifs. « Notre potentiel de croissance est donc important », conclut le conseiller en placement.
Une « belle place » pour les conseillers
Martin Boulianne et Marc Dalpé se réjouissent de la transaction surtout parce qu’ils estiment qu’elle va attirer davantage de conseillers chez Patrimoine Richardson.
Martin Boulianne note entre autres que la transaction enlève l’épée de Damoclès qui pesait sur la firme, soit la possibilité d’être rachetée par quelqu’un de l’extérieur. « Avant il y avait toujours ce risque-là. Ça sapait nos efforts pour attirer d’autres conseillers chez nous. Maintenant, avec 75 % de l’actionnariat que nous contrôlons, on met tout ça derrière nous », explique-t-il.
Un autre argument susceptible d’attirer les conseillers selon eux, c’est la liberté qu’ils leur offrent. « Le mot clé c’est : flexibilité, souligne Martin Boulianne. Nos conseillers ne sont pas attachés à des produits maison. Dans les banques, même s’il n’y a pas d’obligation d’affaires, il y a toujours une pression de ce côté-là. »
« Il y a beaucoup de flexibilité au niveau des frais facturés aux clients, de la composition et de la gestion de portefeuille », ajoute-t-il.
Même du point de vue marketing, Patrimoine Richardson fait en sorte que le branding du conseiller soit très personnalisé. Évidemment, les couleurs de la firme seront là, mais en arrière-plan pour mettre de l’avant le conseiller.
« On ne veut pas que ce soit la firme qui aille chercher les clients, on veut que ce soit les conseillers qui connectent avec les clients. Nous on veut leur donner les meilleurs outils pour y parvenir », précise-t-il.
Cette façon de faire devrait assurer une pérennité en matière de relations à long terme avec les conseillers. La plupart ne veulent pas prendre leur retraite, raconte-t-il. Il estime d’ailleurs que c’est grâce à leur culture qu’ils vont pouvoir croître, car cela va attirer davantage de conseillers.
Marc Dalpé estime qu’en encourageant l’entrepreneuriat, Patrimoine Richardson devrait attirer beaucoup de professionnels au Québec. « Selon mon expérience qui m’a amené à patauger dans différentes firmes et à parler à du monde dans tout le pays, cette fibre entrepreneuriale, si elle est répandue à travers le Canada, elle l’est particulièrement au Québec. La mission de l’entreprise et la culture qu’on essaie d’établir vont à mon avis être encore plus attrayantes pour les conseillers entrepreneurs, dont une proportion importante se trouve au Québec. »