En abolissant les commissions sur l’achat et la vente d’actions sur son service de courtage à escompte en ligne, la Banque Nationale croit qu’elle ne sacrifiera qu’une « très petite partie de ses revenus » pour attirer de nouveaux clients.
« Ce n’est pas une crampe de cerveau qui nous a pris cet été », blague Martin Gagnon, chef du secteur Gestion de patrimoine, lors d’une conférence visant à discuter des résultats du troisième trimestre.
Banque Nationale Courtage direct (BNCD) a annoncé lundi que les transactions sur l’achat et la vente d’actions en ligne seraient désormais gratuites. Il s’agit du premier courtier affilié à une banque canadienne à suivre une tendance déjà bien implantée aux États-Unis.
Au troisième trimestre, les commissions sur les valeurs mobilières atteignaient 60 millions de dollars (M$). « Il y a beaucoup d’éléments inclus dans ce chiffre, mais je vous dirais qu’on met à risque une très petite partie de cette somme avec notre nouvelle grille tarifaire », commente Martin Gagnon.
En attirant de nouveaux clients, la Nationale récupérera déjà les revenus perdus au cours de l’exercice 2022, croit Martin Gagnon. « Un gain de seulement quelques points de pourcentage en parts de marché peut être relativement très important pour nous. »
Reste à voir si les concurrentes n’imiteront pas rapidement la Nationale pour contrer son offensive promotionnelle, ce que plusieurs observateurs de l’industrie anticipent. Martin Gagnon, pour sa part, pense que ses concurrentes pourraient se montrer plus patientes. « Nous avons fait le pari qu’elles seraient hésitantes. Jusqu’à maintenant, ça va. »
Derniers résultats de Louis Vachon
Pour le président et chef de la direction, Louis Vachon, il s’agissait de sa dernière présentation de résultats trimestriels. Le banquier prend sa retraite le 31 octobre après 15 ans à ce poste et 29 ans à la banque montréalaise. Louis Vachon a d’ailleurs laissé son équipe répondre à la majorité des questions des analystes. Il sera remplacé par Laurent Ferreira, actuellement chef de l’exploitation.
Louis Vachon a fait ses adieux aux investisseurs en leur présentant des résultats supérieurs aux prévisions des analystes. Le bénéfice par action ajusté s’est établi à 2,36 $, en hausse de 42 % par rapport à la même période l’an dernier. Le consensus moyen des analystes était de 2,13 $, selon Refinitiv.
Cette progression est majoritairement due à l’amélioration des perspectives macroéconomiques par rapport au troisième trimestre de 2020, en première année de pandémie de COVID-19.
Dans une note, Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux, souligne que la croissance des prêts hypothécaires de 11 % et des prêts commerciaux de 14 % ont permis de compenser la diminution de la marge d’intérêt.
Les revenus de la Nationale se sont élevés à 2,254 G$ au troisième trimestre de l’exercice en cours, comparativement à 1,968 G$ lors de la période de trois mois correspondante de 2020.
Le bénéfice net, pour sa part, s’établit à 839 M$ au troisième trimestre de l’exercice financier en cours, comparativement à 602 M$ au trimestre correspondant de 2020.
Incertitude pandémique
Si la direction s’est dite confiante quant à la résilience des activités en contexte pandémique, elle admet qu’il demeurait encore beaucoup d’incertitude. « Je pourrais faire des prévisions d’ivrogne maintenant que je pars, mais je vais protéger Laurent [son successeur] », a lancé Louis Vachon à la blague.
Plus sérieusement, William Bonnell, premier vice-président à la direction, Gestion des risques, a dit que l’avenir était incertain pour une période de six à 18 mois. « Il faut dire que nous n’avons aucune expérience de ce à quoi un cycle pandémique complet ressemble. »
William Bonnell a d’ailleurs précisé que la banque n’avait libéré que le quart des réserves qu’elle s’était constituées durant la pandémie. « Nous n’anticipons pas de détérioration et la vaccination est un élément vraiment positif. Nous croyons qu’il vaut mieux rester prudent en raison de l’incertitude. »