C’est l’avis exprimé par Claude Montmarquette, professeur émérite, département de sciences économiques à l’Université de Montréal.
« Comme industrie, vous ne mettez pas assez de l’avant cette idée. Les gens vous perçoivent comme des vendeurs essentiellement, mais en réalité, il y a un intérêt social à optimiser le bien-être des assurés. Ça devrait être mis de l’avant plus grandement », a-t-il indiqué dans le cadre du Congrès 2018 de l’assurance et de l’investissement.
Claude Montmarquette a récemment étudié la littérature scientifique sur l’assurance et en tire quelques enseignements. Les voici.
Tout ou rien!
Les individus s’assurent complètement ou pas du tout. Il n’y a pas d’entre-deux. « Les gens ne retiennent que très peu d’assurance partielle. C’est tout ou rien. Ou je prends de l’assurance et je couvre ou je n’en prends pas », a-t-il dit.
Pour un client, le calcul de décider d’avoir une assurance ou non est complexe. La bonne nouvelle est que s’il décide de s’assurer, il prend souvent une couverture complète.
Les gouvernements sont à la fois maux et remèdes
Lorsqu’arrive une catastrophe naturelle à un endroit donné, tous les politiciens défilent devant les caméras des réseaux télévisés et, souvent, promettent une aide financière aux personnes touchées.
D’après Claude Montmarquette, cette situation crée un aléa moral, c’est-à-dire qu’une personne assurée contre un risque ou qui pense l’être, peut se comporter de manière plus risquée que si elle était totalement exposée au risque. « Les gens se disent : “Si on est dans le trouble, quelqu’un va nous sauver.” », a-t-il noté.
« Dans l’assurance maladie, si le gouvernement vous garantit que vous allez être soigné rapidement – et encore faut-il y croire – vous ne faites pas trop attention. Ça augmente le coût de manière extraordinaire d’une santé curative », a-t-il ajouté.
Pour éviter cette situation, les gouvernements devraient favoriser l’éducation financière en assurance, afin d’éduquer la population aux avantages de l’assurance. Les jeunes devraient être dans les premiers à s’éduquer en ce sens, selon le professeur.
Les gouvernements devraient aussi instaurer une aide financière, un incitatif ou un coup de pouce quelconque afin que les gens s’assurent. Ceci réduirait ainsi la pression sur le Trésor public.
« Peut-être que le gouvernement devrait donner un petit coup de main pour que les gens s’assurent, parce que quand ils s’assurent, ils vont au maximum », a dit Claude Montmarquette.
Combinez l’autoassurance et l’assurance de marché
L’autoassurance, ou le fait de s’assurer soi-même, est un substitut à l’assurance et non un complément. En effet, selon les études consultées par Claude Montmarquette, « quand les gens choisissent de s’autoprotéger, ils réduisent leur assurance de marché. »
Toutefois, il existe une bonne nouvelle, pour les assureurs : « combinées à l’assurance, les possibilités d’autoassurance atténuent l’effet de sortie » des clients.
Les assureurs devraient ainsi développer des produits qui donnent aux clients l’option d’autoassurer une partie du risque. Par exemple, si un assurer souhaite réduire un peu le coût de son assurance, un assureur pourrait l’inciter à adopter un comportement en particulier en échange d’une baisse de sa prime.
Par ailleurs, les assureurs devraient percevoir positivement le fait qu’un client envisage de s’autoassurer, à en comprendre le professeur, car cette solution constitue un outil supplémentaire pour le client. « L’augmentation du nombre d’outils permettant de se couvrir contre une catastrophe pourrait encourager les sujets à les utiliser tous », a aussi noté Claude Montmarquette.