La Banque Laurentienne devrait finalement lancer son application mobile d’ici la fin de l’année, une étape dans son plan de transformation qui pourrait lui permettre de freiner le déclin de ses dépôts bancaires.
« C’est pour ça que l’application mobile est cruciale, commente Rania Llewellyn, présidente et chef de la direction, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre. Une fois que nous aurons une application, ça va définitivement nous aider à attirer de nouveaux dépôts et retenir nos dépôts. »
L’application mobile devrait être lancée d’ici la fin de l’année, dit la dirigeante. Elle contiendrait les services de base, mais elle serait bonifiée au cours des 12 prochains mois, prévoit la dirigeante. « Ce n’est pas le genre d’application qu’on lance et que les dépôts vont se mettre à arriver subitement, par la suite. Il va falloir développer une campagne promotionnelle, ça prendra du temps. »
Au cours de la période de trois mois terminée le 31 juillet, les dépôts de la Laurentienne ont diminué de 3 %, ou 800 millions de dollars (M$), pour s’établir à 23,2 milliards de dollars (G$).
La banque régionale montréalaise a pris du retard par rapport aux grandes banques canadiennes et au Mouvement Desjardins, qui ont leurs applications mobiles. La difficulté pour une institution financière de taille plus modeste, comme la Banque Laurentienne, est que les investissements technologiques sont souvent aussi importants que pour une grande institution, mais ils sont répartis sur un plus petit bassin de clientèle.
Plan de transformation
Les analystes ont posé plusieurs questions sur le plan de transformation de Rania Llewellyn, entrée en fonction en octobre 2020. L’ensemble du plan stratégique n’a pas encore été dévoilé aux actionnaires. La direction devrait leur donner plus de détails à cet égard au cours de la journée des investisseurs au début de l’année 2022.
À plus d’une reprise, la dirigeante a mentionné que les activités de l’institution financière étaient complexes et que le déploiement du plan stratégique nécessitait du temps. « Je sais que ça peut être frustrant et j’ai l’impression d’être un disque qui saute », répond Rania Llewellyn à la question d’un analyste.
Elle assure toutefois que le travail est bien commencé. La banque a accordé une grande attention à ses activités hypothécaires au cours des deux précédents trimestres, où elle a constaté des « lacunes », « notamment une expérience compliquée pour le client, des processus lourds et des inconsistances dans la qualité du service ».
Au cours du troisième trimestre, la banque a créé une nouvelle unité de prêts hypothécaires au sein de sa division détail. « Ça va permettre une meilleure reddition des comptes, une meilleure collaboration au sein des équipes et une expérience sans friction pour les clients. »
L’ajout de nouveaux outils technologiques permettra aussi au personnel de faire des vérifications sur les propriétés dans des délais qui passeront « de quelques jours à quelques secondes ».
La banque a aussi fait des progrès à plusieurs égards en vue de simplifier ses activités et réduire ses coûts, affirme Rania Llewellyn. Elle donne en exemple la simplification de l’offre de cartes de crédit Visa, qui est passée de quatre à huit. Certains contrats avec des fournisseurs ont aussi été consolidés afin de réaliser des économies.
Jusqu’à maintenant, Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux, trouve que la Laurentienne va dans la bonne direction. « Même si nous attendons toujours les résultats de la révision stratégique des activités, nous sommes encouragés par l’attention portée à la gestion des coûts. La direction reconnaît les défis et elle les confronte directement. »
Résultats supérieurs aux attentes
La Banque Laurentienne a dépassé les attentes des analystes au cours du troisième trimestre. Le bénéfice ajusté par action atteint 1,25 $, comparativement à 1,23 $ à la même période l’an dernier.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient en moyenne un bénéfice ajusté par action de 1,08 $. « L’écart provient principalement des marchés des capitaux et des provisions pour pertes inférieures aux anticipations », commente Mario Mendoca, de Valeurs mobilières TD, dans une note.
Doug Young croit qu’il faudra surveiller l’impact des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale sur les services de financement des inventaires des entreprises clientes. Le portefeuille de prêt dans ce segment a décliné de 18 % au cours du trimestre, souligne l’analyste de Desjardins Marché des capitaux. La direction a mentionné qu’un retour à la normale pourrait représenter une augmentation des actifs de 1 G$.
Les revenus, pour leur part, ont totalisé 254,9 M$, un chiffre d’affaires en hausse de 3 % par rapport à celui de 248,6 M$ réalisé un an plus tôt.
Le bénéfice net de 62,1 M$ est en hausse par rapport à celui de 36,2 M$ durant la même période l’an dernier.
Les provisions pour pertes sur crédit se sont chiffrées à 5,4 M$, alors qu’elles avaient été de 22,3 M$ lors de la même période l’an dernier.