Le financement gouvernemental, habituellement versé en un premier paiement au début du mois d’avril, accuse un retard qui préoccupe la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF) et la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ).
La directrice générale de la FAFMRQ, Sylvie Lévesque, fait état d’un dédale administratif impliquant le ministère de la Famille et le Conseil du trésor, qui tient pas moins de 280 organismes communautaires en haleine.
« On a d’autres choses à faire que d’attendre le financement. Les groupes sont là pour répondre aux besoins des familles, pas se préoccuper tout le temps de quand l’argent va rentrer », déplore Sylvie Lévesque.
Car la crise de la COVID-19 a été particulièrement éprouvante pour les familles, parfois coupées de leur réseau de soutien pendant qu’elles devaient composer avec des fermetures d’écoles et de services de garde.
La FAFMRQ et sa quarantaine de membres dénoncent un manque de prévisibilité qui pourrait bientôt compromettre leurs services de soutien.
Même son de cloche du côté de la FQOCF, qui rappelle que la situation financière des organismes est déjà précaire.
« Il y a donc urgence d’agir afin d’assurer le maintien du filet social autour de milliers de familles qui bénéficient des services des 280 OCF dans toutes les régions du Québec », indique une déclaration de sa présidente, Sylvianne Poirier.
La fédération se dit en lien avec le ministère de la Famille pour recevoir les sommes dues dans les plus brefs délais.
Du côté du cabinet du ministre, on invoque des travaux pour bonifier ce financement avec un investissement de 85 millions de dollars sur cinq ans. « Il faut savoir qu’en novembre dernier, le ministre de la Famille a annoncé une révision complète du programme qui soutient les organismes communautaires », souligne son attaché de presse.
Dans un courriel à La Presse Canadienne, Antoine de la Durantaye affirme que « le tout devrait se compléter dans les prochaines semaines », sans fournir d’échéancier plus précis pour les versements attendus.
Bien que ces délais découlent d’une volonté de rehausser leur financement, une avance aurait dû être accordée entre-temps, estime Sylvie Lévesque.
« Peu importe le nombre de chèques qu’on reçoit, l’important, c’est de les recevoir », fait-elle valoir, notant que des organismes sont maintenant forcés de solliciter des marges de crédit.
C’est le cas de l’Association des parents de Côte-des-Neiges, à Montréal.
« Après cette paie, ça y est, je n’aurai plus d’argent dans le compte », rapporte sa directrice, Awatef Simou.
« On ne peut pas travailler bénévolement. Il y a des employés qui ont des familles, il y a des loyers à payer. »
En entrevue téléphonique, dimanche, Awatef Simou a dit être toujours dans le noir quant à l’arrivée du prochain chèque, sa seule source de financement récurrent.
« On ne peut pas se permettre du retard dans le financement. On ne peut pas. Est-ce que c’est une question de signature de documents? De bureaucratie? On ne sait pas ce qui se passe. »
Selon Sylvie Lévesque, les fonds devraient se matérialiser vers la mi-juin, voire la fin du mois, avec au moins deux mois et demi de retard
« On nous offre une bonification (…), merci, c’est bien, mais assurez au moins les versements de base! » s’indigne Awatef Simou.
La bonification annoncée devrait faire passer le financement annuel des organismes communautaires d’aide aux familles à 130 000 $, comparativement à la moyenne actuelle de 80 000 à 90 000 $, selon les chiffres de la FAFMRQ.
Au moment de l’annonce, à l’automne dernier, le ministre Mathieu Lacombe disait ainsi s’aligner avec les premières recommandations de la Commission Laurent sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.
Or, celle-ci appelait à financement annuel minimal de 200 000 $, une recommandation qui se retrouve également dans son rapport final, déposé ce mois-ci.