Après une chute sensationnelle, les investisseurs ont pu voir une remontée tout aussi spectaculaire de la Bourse. Ceux qui ont su garder leur calme ont vu leur portefeuille revenir plus ou moins au niveau d’avant crise.
Archer Gestion de patrimoine estime cependant que la situation est loin d’être revenue à la normale.
Les actions canadiennes se remettent doucement
Les actions canadiennes ont repris environ la moitié de la valeur qu’elles avaient perdue lors de la première phase de la crise. Certains titres qui ont beaucoup souffert au premier trimestre ont connu de fortes hausses, comme les sous-secteurs de l’automobile, des biens de consommation durables et de la vente au détail qui ont beaucoup profité du rebond.
Le secteur des matériaux est en hausse de plus de 40 % sur le trimestre. Les titres aurifères et de l’argent, perçus comme une protection contre l’inflation, connaissent une hausse similaire. Le secteur de la technologie connaît aussi une belle hausse.
Le secteur financier, quant à lui, semble avoir davantage de mal à se remettre en selle. Les banques (+3,4% sur le trimestre) qui constituent les deux tiers du secteur financier canadien voient leurs marges bénéficiaires diminuer lorsque les taux d’intérêt baissent et doivent aussi prendre des provisions pour pertes sur prêts en raison de la crise. Les profits des compagnies d’assurance (+5%) diminuent eux aussi avec les taux d’intérêt.
Les actions américaines font mieux que les actions canadiennes. Cela peut s’expliquer notamment par la place plus importante qu’occupent les technologies de l’information dans l’indice des bourses américaines (26%) par rapport au Canada (10%) et, inversement, la part négligeable de l’énergie (3% vs 12% au Canada), explique Archer Gestion de patrimoine.
Actions internationales et marchés émergents
Alors que la bourse américaine est pratiquement revenue à son niveau de début d’année, les bourses internationales – principalement le Japon et l’Europe qui ont pourtant mieux géré la pandémie – sont en baisse de 11,6%. Cela prouve qu’il n’y a que peu de corrélation à court terme entre la performance économique et les rendements boursiers.
La différence s’explique encore une fois par le poids des titres technologiques. Ceux-ci pèsent moins de 9% sur les bourses internationales contre 26% aux États-Unis.
Côté marché émergent, on peut voir une hausse de 15,3 % des actions en Chine. Comme aux États-Unis, le troisième trimestre a débuté sur les chapeaux de roue. Ce n’est pas la seule ressemblance entre les deux pays. En Chine comme chez nos voisins du sud, on trouve une armée de petits spéculateurs qui transigent très activement.
Les autres grands marchés émergents d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont aussi connu de bons rendements.
Du côté des obligations
L’indice des obligations canadiennes est en hausse de 5,9% sur le trimestre et de 7,5% en 2020, reflétant la baisse des taux d’intérêt sur le trimestre. La Réserve fédérale (Fed) a annoncé en mars qu’elle achèterait jusqu’à 750 G$ US d’obligations du gouvernement et de compagnies américaines. Les marchés ont réagi de façon optimiste à la nouvelle. En date du 24 juin, la Fed n’avait acheté que 8,7 G$ US d’obligations, surtout sous forme de fonds négociés en Bourse (FNB). Elle a donc encore les coudées franches pour maintenir les taux d’intérêt bas en achetant des obligations.
L’autre façon d’interpréter la hausse du cours des obligations est comme un optimisme prudent de la part des investisseurs qui achètent des actions au cours actuel, mais se protègent en investissant également une bonne partie de leur portefeuille en obligations.
Des actions qui ne seront pas sans conséquence
Malgré ces bons résultats, Archer Gestion de patrimoine a quelques inquiétudes. Le premier point qu’il met en évidence pour mettre en garde les investisseurs c’est l’intervention des gouvernements.
Afin d’aider leurs citoyens, les gouvernements ont pris des décisions drastiques qui ont creusé leur dette. On estime que le déficit fiscal du Gouvernement canadien sera de 343 milliards de dollars (G$) pour l’année courante – soit près de 16% de la taille de l’économie. Aux États-Unis, le déficit prévu s’élève à 3 700 G$, soit 17 % de l’économie environ.
Évidemment, ces déficits sont exceptionnels et non-récurrents, toutefois, il sera difficile pour l’état de se désengager après la crise, sans compte qu’à un moment, il va falloir songer à gérer les dettes massives accumulées, souligne Archer.
Les gouvernements ne sont pas les seuls à s’être lancé dans la bataille. Les banques centrales ont également pris des mesures qui auraient été impensables avant la crise. Elles ont abaissé les taux d’intérêt et procédé à des achats massifs d’obligations de corporations (même de junk bonds) pour assurer que les entreprises continuent à avoir accès au financement qui leur est vital. Le message est clair, elles feront tout leur possible pour soutenir l’économie.
L’impact des actions gouvernementales et des banques centrales a été immédiat sur l’économie et les bourses. « Le marché obligataire est plus accessible que jamais aux entreprises qui veulent emprunter. De son côté, le marché boursier a connu la remontée la plus rapide de son histoire, convaincu que les banques centrales interviendront au moindre signe de rechute », constate Archer Gestion de patrimoine.
Mais les gouvernements comme les banques centrales mettront des années à gérer l’après-crise. Nos impôts serviront certainement à payer les intérêts sur la dette des gouvernements diminuant ainsi les ressources pour la santé, l’éducation ou d’autres domaines importants.
Des investisseurs inexpérimentés
Il subsiste également le risque que cette remontée ait été trop rapide. Le marché semble croire que les conséquences de la crise seront de courte durée et que l’économie et les profits d’entreprise vont se rétablir avant la fin de 2020.
Évidemment, ce scénario ne tient pas de la science-fiction, mais il en existe d’autres qui sont moins optimistes et que les investisseurs ne semblent pas vouloir prendre en compte.
Archer Gestion de patrimoine s’inquiète par exemple de l’impact croissant des investisseurs novices qui se sont lancés sur le marché, notamment avec le courtier à escompte Robinhood. Ces investisseurs ont fait monter plusieurs titres à des « niveaux insoutenables », affirme Archer en prenant l’exemple de la hausse de plus de 500 % des actions de Hertz, une entreprise qui est pourtant proche de la faillite.
Les investisseurs novices suivent des leaders, qui avouent pourtant n’avoir aucune expérience des marchés, ce qui ne les empêche pas de déclarer avec certitude des phrases telles que « les actions ne peuvent que monter ».
Cela pourrait faire en sorte que les cours boursiers ne soient trop élevés. En 1996, Allan Greenspan avait mis en garde les investisseurs. Les cours boursiers avaient encore doublé en 3 ans, avant de chuter de 50 %.
La prudence est donc de mise, selon Archer Gestion de patrimoine.