La majorité des observateurs opine que la poussée boursière de six derniers mois est directement liée à l’agenda pro-croissance économique et à la baisse d’impôts du président. L’énoncé plutôt vague et imprécis de la réforme fiscale annoncée mercredi dernier était en quelque sorte le premier jalon du programme.
Boris Schlossberg, fondateur et stratège chez BK Asset Management, croit que tout progrès sur les marchés boursiers à partir de maintenant dépendra de la réalisation des mesures économiques promises par le nouvel occupant de la Maison-Blanche. «Si rien ne se produit d’ici l’été, je crois que cela causera une grande déception qui se traduira par un recul important des marchés», dit-il en entrevue à CNBC.
La croissance de l’économie américaine n’a été que de 0,7% au premier trimestre. «L’économie sous-jacente n’est certainement pas au même niveau que le marché boursier», dit M. Schlossberg. Le plan fiscal énoncé mercredi aidera la Bourse, mais seulement à la condition qu’il soit adopté par le Congrès. «Si cela ne se produit pas, nous assisterons à des ventes massives.»
Un été chaud
Si cette analyse est juste, l’été risque d’être chaud. D’abord parce qu’il est probable que ce plan fiscal n’est pas celui qui sera éventuellement adopté, explique Luc Vallée, stratège en chef, Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
Il nécessitera aussi probablement des modifications importantes pour gagner l’appui de la majorité des législateurs. Autre élément important: le plan ne sera certainement pas adopté avant au moins tard cet automne, selon le stratège. Le facteur qui risque de faire fluctuer le marché boursier d’ici la fin de l’année est la probabilité que l’on accordera à ce plan fiscal d’être adopté en tout ou en partie, estime le financier de la Laurentienne.
Nous sommes en quelque sorte passés du Risk-on, Risk-off au Trump-on, Trump-off, résume Eddy Elfeibein, gestionnaire du Fonds négocié en bourse (FNB) AdvisorsShares Focused Equity et éditeur du blogue Crossing Wall Street.
Il fait ainsi allusion au fait que la décision d’augmenter ou de réduire le risque du portefeuille serait maintenant liée principalement aux gestes et aux propos du président plus qu’à toutes autres choses.
Certaines observateurs ont avancé l’idée que la présentation de ce plan de réforme fiscale avait été faite à la hâte afin de stimuler les marchés et de bien marquer les 100 premiers jours de l’administration Trump. Luc Vallée ne partage pas cet avis: il n’y voit pas de manipulation pour faire monter la Bourse. «L’annonce faite mercredi dernier était très à l’américaine», ironise le stratège. «Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est gros.»
À la Laurentienne, on avait prévu que le S&P 500 se situerait à 2400 à la fin de juin. On y est presque déjà en ce début de mai. Le marché aurait donc atteint sa pleine valeur pour l’instant. Pour la fin de l’année, on maintient une cible de 2500. Selon M. Vallée, cest une croissance soutenue des bénéfices des sociétés qui aidera à atteindre ce niveau.