Un adage fréquemment utilisé lorsqu’il est question de marché boursier dit que l’on doit acheter la rumeur et vendre la nouvelle. Peut-on en conclure qu’il fallait acheter à l’élection et qu’il faudra vendre lors de l’inauguration ?

C’est ce que suggéraient mercredi matin les analystes de Morgan Stanley dans une note à leurs clients.

Pour eux, l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier suscite beaucoup d’incertitude. « Nous croyons qu’il serait arrogant de dire qu’alors que nous vivons un moment de grande incertitude que nous demeurons optimistes pour le marché boursier », disent-ils. « Nous croyons qu’il faut vendre le jour de l’inauguration, car après tout, quoi de positif et d’excitant peut se produire dans les quelques semaines qui suivront », ajoutent-ils.

Les analystes de ce grand courtier américain affirment que le balayage républicain du 7 novembre a créé un environnement beaucoup plus incertain et volatil quant à la croissance de l’économie et des profits des sociétés. Selon eux, l’incertitude n’est pas uniquement due à la question de savoir si l’administration tentera de mettre en place les changements promis lors de la campagne électorale, mais aussi à savoir si ces politiques seront approuvées par les législateurs au Congrès.

La rhétorique du nouveau président penche fortement en faveur d’importantes réductions d’impôts et de dépenses en infrastructure qui vont forcément augmenter substantiellement les dépenses gouvernementales. Donner plus de poids au gouvernement dans la gestion économique n’est pas forcément la tasse de thé des républicains.

Des données historiques peu encourageantes

L’histoire supporte également l’idée qu’il faut vendre au moment de l’inauguration, explique Larry Berman, président de ETF Asset Management, une firme de gestion de portefeuilles de Toronto. En effet, l’analyse de l’évolution du marché boursier durant la première année du premier mandat d’un nouveau président démontre que le marché atteint son sommet de l’année justement au moment de l’inauguration.

Qui plus est, le S&P 500 est à la hausse de plus de 8 % depuis l’élection de Donald Trump. Les données historiques démontrent que le marché boursier s’apprécie en moyenne d’environ 3,5 % à la suite de l’élection d’un nouveau président jusqu’au moment de l’inauguration. Et cela s’avère généralement être son sommet pour l’année.

Larry Berman confirme que tous ses portefeuilles sont positionnés de façon défensive.

Une année atypique

La performance boursière en 2017 pourrait bien être atypique, croit Ismaël Chiadmi, directeur de la stratégie quantitative chez Montrusco Bolton. Généralement, le marché fait bien durant une moitié de l’année, et moins bien durant l’autre.

Mais cette année, nous vivrons deux phases différentes, selon lui. D’abord celle du 1er au 20 janvier, et ensuite celle qui couvrira le reste de l’année. « C’est que le 20 janvier, on passera de la rhétorique à l’action », dit-il. « Et on n’a aucune idée de ce qui va se passer, sauf peut-être que le facteur géopolitique prendra beaucoup de place », ajoute-t-il.

Faut-il vendre alors le 20 janvier ? « Si l’action rejoint la rhétorique, le S&P 500 va monter », dit Ismaël Chiadmi. Mais cela demeure pour l’instant une grande inconnue, car il rappelle que Donald Trump a souvent dit le tout et son contraire, parfois même dans la même phrase.

Par sa performance depuis 2 mois, le marché boursier accorde au nouveau président le bénéfice du doute. Reste à savoir si le pari d’une politique fiscale expansionniste lui réussira aussi bien qu’à Ronald Reagan dans les années 80, se demande M. Chiadmi.