«Cela dépendra beaucoup du dollar américain», répond Clément Gignac, économiste en chef à l’Industrielle Alliance. La rapidité avec laquelle le billet vert s’est apprécié depuis un an a frappé durement les bénéfices des sociétés américaines. Et la situation ne fera qu’empirer si le dollar continue de monter.

Depuis quelques jours, l’euro s’est quelque peu replacé, ce qui est encourageant, note M. Gignac. Les plus récents chiffres quant à l’inflation semble écarter pour l’instant le risque de déflation qui guettait l’économie de la zone euro. «Si l’euro pouvait revenir autour de 1,15 dollar américain et s’y maintenir, cela serait reçu avec soulagement aux États-Unis», dit-il.

Rappelons que l’euro s’est approché du niveau de 1,08 dollar américain il y a une dizaine de jours. Plusieurs croyaient alors que l’on se dirigeait vers la parité.

Le marché obligataire constitue un autre facteur d’inconfort pour Clément Gignac. Les taux obligataires ont commencé à monter, ce qui n’est pas anormal dans le contexte actuel, compte tenu que l’on s’approche d’une normalisation de la politique monétaire aux États-Unis. «Mais ce qui est important, c’est que le marché demeure ordonné», dit l’économiste. Il ne faut pas de mouvement trop rapide.

La période estivale devrait toutefois inciter à la prudence, selon lui. Il continue de maintenir une surpondération en actions dans ses portefeuilles, mais celle-ci n’est plus que de 3-4 % comparativement à 10 % en début d’année. «Mais si le dollar américain et les taux de long terme donnaient des signes de remontée rapide, il éliminerait tout aussi rapidement cette sur-pondération», affirme-t-il.

L’indice S&P 500 se négocie actuellement dans un couloir plutôt horizontal doté d’un léger biais vers le haut. «Juin se présente comme le mois qui permettra de résoudre l’incertitude quant à la sortie éventuelle de ce couloir de fluctuations qui définit le marché depuis le début de l’année», croit Ron Meisels, président de Phases & Cycles, une firme de gestion de Montréal, et spécialiste de l’analyse technique.

Il est encourageant de voir que la moyenne mobile de 50 jours de l’indice se maintient bien au-dessus de celle de 200 jours et que celle-ci montre toujours une tendance ascendante, selon lui. Ceci ajoute à la probabilité que la sortie du couloir se fasse par le haut.

La lutte entre les optimistes (bulls) et les pessimistes (bears) se poursuit depuis le début de l’année, note Meisels. «Mais nous croyons que la résilience des optimistes aura raison de la ténacité des pessimistes», dit-il.

À court terme, les investisseurs devraient toutefois se méfier d’une dernière tentative des «bears» qui se traduirait par un recul de 2-3%. Cela devrait finir d’épuiser les pressions à la baisse et permettre à la Bourse de New York d’abord, puis à celle de Toronto ensuite, d’amorcer un nouveau mouvement haussier, croit Ron Meisels.