C’est l’analogie que font certains gestionnaires de portefeuilles lorsque interrogés sur leur degré de confort envers les marchés boursiers actuellement.
Par principe, compte tenu que les marchés sont à la hausse depuis mars 2009 et que la hausse est plus timide depuis le début d’année, nous sommes maintenant plus prudents, explique Luc R. Fournier, gestionnaire de portefeuilles à l’Industrielle Alliance.
Le gestionnaire compare la situation à celle d’un party où l’on s’amuse bien. « On aime ça, et on ne veut pas être le premier à partir », dit-il. « Toutefois, comme l’heure avance et que ça trinque fort, on voudrait aussi partir avant que ça tourne mal ».
« Dans les marchés, il y a de moins de moins à gagner, mais on craint de se retirer, et de voir ensuite le marché s’apprécier d’un autre 2 %, 3 %, voire 5 % », explique le gestionnaire.
Pour Ismaël Chiadmi, vice-président senior chez Montrusco Bolton, il n’y a pas lieu de quitter le party maintenant, car l’hôte continue de servir aussi du café afin de maintenir la calme chez les convives.
L’hôte, c’est évidemment la Réserve fédérale (Fed) qui sert aux investisseurs ses mesures accommodantes, et ce à profusion. « C’est elle qui dictera quand le party prendra fin, car après-tout c’est elle qui nous y a convié », ironise M. Chiadmi.
Selon lui, le récent recul, même s’il devait se poursuivre encore quelque peu, constitue simplement une courte pause dans ce qui demeure une tendance haussière (bull market). Le recul permet de corriger quelques excès, tel le VIX, la mesure de la volatilité que s’est replacé à 16, se rapprochant ainsi de sa moyenne historique qui se situe autour de 20.
Mais il y a moins de monde
Par ailleurs, il est inquiétant de constater que moins de compagnies participent à la hausse du marché et que les volumes de transactions ne cessent de diminuer, explique Luc R. Fournier.
« La baisse du volume signifie qu’il y a de moins en moins de monde au party », dit-il en poursuivant l’analogie. Si un petit nombre de gros investisseurs décidaient de se retirer du marché en même temps, cela pourrait avoir un impact important sur les prix.
Pour que les bourses poursuivent leur ascension, il faudra l’apport de nouveaux joueurs avec du nouvel argent, croit le gestionnaire. « S’il n’y a personne pour remplacer ceux qui quittent le party, celui-ci prendra fin inévitablement, peut-être même brusquement », dit-il.