Nul doute que la première présence de Donald Trump à une rencontre du G7 a eu comme effet de froisser bien des susceptibilités en Europe. Trump affirme que l’énorme déficit commercial des États-Unis avec l’Allemagne est très mauvais et que les choses vont changer. Pas trop rassurant pour l’avenir du commerce mondial et de la globalisation, peut-on croire.
Pour l’instant, les indices boursiers américains atteignent de nouveaux sommets, et des gestionnaires de portefeuilles de Montréal interrogés par lesaffaires.com ne semblent pas trop inquiets.
«Totalement indifférents à la situation»
«Nous sommes totalement indifférents devant cette situation politique», affirme même François Rochon, président Giverny Capital. «Nous sommes des investisseurs à long terme qui détiennent des titres américains, tel Disney et plusieurs autres, depuis de plus 10 ans, et nous avons déjà traversé 2 ou 3 présidences». «Dans six mois nous serons passés à d’autres choses», soutient ce gestionnaire, qui connaît bien le marché au sud de la frontière.
Pour ce qui du protectionisme dont il a été fortement question durant la campagne électorale américaine et qui continue d’être dans l’actualité presque quotidiennement, force est de constater qu’il n’y a pas eu beaucoup d’actions de prises jusqu’à maintenant, explique Jean-Luc Landry, président, Gestion de portefeuilles Landry.
«Le président Trump change souvent d’idées, et on ne sait pas trop où tout cela va nous mener», dit-il. Pour l’instant, on ne ressent pas d’effet sur les marchés, constate-t-il. «Ce que l’on voit plutôt, c’est l’effet sur les marchés des grandes sociétés de technologies pour lesquelles il y a actuellement un énorme engouement de la part des investisseurs», dit M. Landry.
Le risque est plutôt celui-ci…
La conséquence est que les marchés sont maintenant chers. S’il y a un risque, c’est plutôt celui-là, estime le gestionnaire d’expérience.
Y a-t-il une nouvelle bulle techno en formation?
Si c’est le cas, on en serait qu’au début, croit Jean-Luc Landry. Le marché a plus de potentiel à la hausse qu’à la baisse, et ce malgré les agissements plutôt chaotiques du président américain, juge-t-il.
Bien qu’il reconnaisse la rhétorique protectionniste du nouvel occupant de la Maison-Blanche, Philippe Hynes, président, Tonus Capital, ne croit que le commerce international sera très affecté par le sentiment de perte de confiance qui se dégage de plus en plus devant l’ineptie de l’administration Trump.
«L’incertitude entourant les actions de la Maison-Blanche n’est pas nécessairement très dangereuse pour l’économie mondiale», avance-t-il.
Mais ce dont on doit surtout se rappeler, c’est que les marchés sont chers présentement, croit-il également. La prudence est donc de mise, selon lui. «La marge d’erreur est très mince alors que l’on s’engage dans un environnement géopolitique plus incertain.»
Par ailleurs, la situation serait plus inquiétante au Canada. Pas nécessairement à cause du discours protectionniste du président Trump, mais plutôt en raison du prix du pétrole, dit Jean-Luc Landry.
«Si le prix demeure en dessous de 50$US le baril, le marché canadien sera à risque.»