Le déclin de 11% du S&P/TSX torontois entre le sommet de juillet et la fin d’octobre a multiplié les occasions d’achat pour ce chasseur d’aubaines de Montréal.
La correction était attendue et justifiée, dit-il en entrevue, puisque la hausse des taux et le conflit commercial ont comprimé les multiples d’évaluation.
« J’ai rarement vu en 12 ans autant d’entreprises de qualité tomber de telle façon »
Le Fonds d’actions canadiennes Lester qu’il gère a donc réinvesti une bonne part de l’encaisse élevée de 15 à 16% qu’il avait accumulé en janvier.
«Pendant la correction, on a été très actifs. Si bien que nos liquidités sont revenues à 7-8 % du fonds», a raconté le financier.
Deux revenants
Le portefeuilliste à l’approche comptable aime bien profiter de ce type de correction pour acheter des entreprises performantes qui étaient déjà sur son radar, mais dont les cours étaient devenus inabordables à ses yeux.
Le fabricant de traverses de chemin de fer et de poteaux Stella-Jones (SJ, 41,00$) fait partie de celles-là.
«Nous étions sortis du titre il y a trois ans environ, mais il est redevenu une aubaine comme nous ne l’avons pas vu depuis longtemps», évoque le financier.
Au moment de l’achat, le titre s’échangeait à un multiple de 16,5 fois les bénéfices prévus en 2019.
C’est très raisonnable pour une entreprise de cette qualité qui accroît ses revenus à un rythme supérieur à 10%, sans l’effet des acquisitions, dit-il.
La montée en flèche du cours du bois d’œuvre a affaibli les marges, mais le rétablissement des cours du bois depuis, ainsi que l’ajustement des prix de vente aux clients, devraient tout remettre dans l’ordre.
«De toute façon, on n’achète pas des actions d’une entreprise pour le prochain trimestre, mais avec un horizon de trois à cinq ans en tête», insiste M. Takacsy.
Le gestionnaire s’est aussi procuré des actions de l’emballeur CCL Industries (CCL.B, 56,81$) à un multiple attrayant de 17,9 fois le bénéfice prévu en 2019, après la chute de 22% de son titre entre juillet et octobre.
«C’est un leader mondial bien géré qui nous est très familier. Nous l’avons longtemps détenu dans le passé, mais son titre était devenu surévalué. Je ne veux pas payer trop cher lorsque la croissance provient surtout des acquisitions», indique le financier.
Le fonds a acheté une demi-position à titre de police d’assurance, avant le dévoilement des résultats trimestriels.
Trois ajouts longtemps convoités
La chute boursière a aussi permis au gestionnaire d’acheter pour la première fois de nouveaux placements longtemps convoités, à prix raisonnable.
C’est le cas du fabricant d’autobus NFI Group (NFI, 45$) qui se partage le marché nord-américain avec deux autres acteurs.
«C’est l’un des titres canadiens du secteur industriel les moins chèrement évalués. Les commandes sont bonnes et ses flux de trésorerie sont intéressants», dit-il.
Les amateurs de croissance vendent leurs actions de l’ex-New Flyer Industries parce qu’il croît plus modérément qu’avant. Il faut dire que son action avait explosé de 10 à 60$ entre novembre 2012 et mars 2018.
Après un plongeon de 23% à la suite du sommet d’avril, son multiple d’évaluation est à peine 11,7 fois les bénéfices prévus dans 12 mois.
M. Takacsy a aussi acheté ses premières actions de BlackBerry (BB, 12,37$) qu’il juge peu chères maintenant que la société est devenue un véritable fournisseur de logiciels.
«Les acteurs de son industrie s’échangent à des multiples de 3 à 8 fois les revenus. L’évaluation de BlackBerry est bien raisonnable à deux fois les siens», dit-il.
En tant que championne de la sécurité et spécialiste des logiciels pour voitures connectées, la société serait aussi une candidate de choix pour un acquéreur stratégique, d’ici deux ou trois ans.
Son partenaire Microsoft (MSFT, 11,09$US) serait l’acheteur le plus naturel étant donné ses propres faiblesses dans ces deux domaines», spécule le financier qui imagine bien une offre de 30 à 40$.
Entretemps, le PDG John Chen transforme le modèle d’affaires de BlackBerry qui migre de la vente de licences à la vente de logiciel en tant que service, ce qui améliore les revenus récurrents.
Pour couronner le tout, M. Takasky s’est offert ses premières actions de Dollarama (DOL, 37,11$) en deux transactions pendant sa dégringolade de l’automne, mais avant que l’activiste Spruce Point Capital Management dénigre le détaillant, la semaine dernière.
Son cours d’achat moyen: environ 40$.
«On a lu son rapport et c’est un fourre-tout de critiques infondées», soutient-il.
La concurrence n’est pas plus intense qu’avant. Walmart reste le grand détaillant qui impose ses prix et ceux de Dollarama sont 25 à 30% inférieurs à ceux du géant pour les articles équivalents, comme c’est toujours le cas.
Même si la progression des ventes par magasin comparable est passée d’une fourchette de 4 à 6% à une autre de 2 à 4%, ses marges augmentent. C’est la preuve d’une bonne gestion.
«La croissance des ventes comparables va reprendre du mieux lorsque Dollarama pourra relever ses prix», assure-t-il.
Son évaluation a fondu de 34 à 19 fois les bénéfices prévus.
«C’est le cas d’un titre dont l’évaluation a trop grimpé, mais son modèle d’affaires et ses perspectives sont intacts », résume-t-il.