Finalement le 16 décembre, elle décréta une augmentation de 0,25 % de la fourchette cible des fonds fédéraux qui se situe maintenant entre 0,25 % à 0,50 %. Plusieurs se demandent aujourd’hui si elle n’a pas agi parce qu’elle se sentait obligée de le faire.
La hausse de taux a été néfaste sur les marchés boursiers. À peine deux mois après la hausse de taux, le témoignage de la présidente de le Fed, Janet Yellen, devant les élus du Congrès américain ne réussit pas à les apaiser. Le 16 décembre, le S&P 500 clôturait à 2 075. Il cote présentement 1 820, une chute de 12 %.
La Fed a semblé quelque peu confuse, sinon désorientée, à la suite de la hausse de taux de décembre, explique François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins. « La Fed a haussé son taux, mais les taux obligataires ont baissé, ce qui est très inhabituel », dit-il.
Il existe une grande distorsion entre l’analyse de la Fed et celle des participants aux marchés financiers. Dans son discours au Congrès, bien qu’elle assure qu’elles seront graduelles, Mme Yellen parle toujours d’autres hausses de taux au cours de l’année. Toutefois, les marchés forward sur les fed funds, le reflet de ce que pensent les intervenants sur les marchés, indiquent plutôt qu’il n’y aura pas d’autres hausses de taux cette année.
La hausse de décembre était peut-être nécessaire, car les observateurs auraient été très perplexes envers les perspectives économiques si le Fed ne l’avait pas fait, explique François Dupuis.
Mais plus le temps passe, plus les indicateurs économiques démontrent un ralentissement de l’économie aux États-Unis. « Certains économistes parlent maintenant d’une récession en 2017, et même l’idée d’une récession mondiale revient sur le tapis », dit l’économiste de Desjardins.
Nul doute que la Fed a fait mal aux marchés, selon Ismaël Chiadmi, directeur de l’analyse quantitative chez Montrusco Bolton. « Toutefois, Mme Yellen ne semble pas vouloir reconnaitre son erreur et elle maintient son message de hausses de taux », dit-il. « L’entêtement à monter les taux en décembre lui a couté cher jusqu’à maintenant », ajoute-t-il.
Les banques centrales ont joué un rôle primordial dans la remise sur pied des marchés financiers depuis la crise financière. Mais peuvent-elles encore jouer ce rôle, questionne Mohit Kumar, directeur de la stratégie des taux d’intérêt au Crédit Agricole SA, en entrevue à Bloomberg.
« Au cours des dernières années, lorsque nous avions de mauvaises nouvelles, les marchés boursiers ralliaient parce que l’on savait que les banques centrales interviendraient », dit-il. « Aujourd’hui, cette corrélation a changé, et une mauvaise nouvelle est vraiment une mauvaise nouvelle. Les investisseurs sont inquiets quant aux options encore disponibles aux banques centrales », ajoute-t-il.
Les sources de risque sont maintenant plus nombreux, ce qui fait que les marchés sont très méfiants, indique François Dupuis. « Entre autres, le risque financier systémique mondial est toujours là, et les investisseurs institutionnels sont inquiets », dit-il. « La Fed ne peut pas se permettre de faire de faux pas au cours des prochains trimestres », dit-il.
Janet Yellen a défendu la politique de la Fed en affirmant que « malgré que les développements économiques et financiers peuvent influencer la balance des risques, il était prématuré d’exercer un jugement sur l’économie et la politique monétaire ».