Un fonctionnaire fédéral du domaine financier présent au huis clos du budget confirme que cette mesure fait suite à une demande de coopératives de l’Ouest et de l’Ontario de favoriser la consolidation interprovinciale.
Cela irait donc de pair avec une autre intention du gouvernement conservateur mentionné dans le budget 2014, c’est-à-dire d’« encourager la concurrence sur le marché des services financiers ».
Pour le moment, une coopérative de crédit qui veut fusionner avec une ou plusieurs de ses semblables à l’extérieur des limites de sa province, doit passer par deux étapes soit, la transition d’un cadre provincial vers un cadre fédéral et deuxièmement la fusion en tant que telle.
Ainsi « le Bureau du surintendant des institutions financières cessera de participer à la surveillance conjointe des centrales de coopératives de crédit provinciales ». Entre d’autres mots, l’équipe de fonctionnaires qui planche sur cette question suggère qu’une seule étape soit nécessaire. Le gouvernement fait ainsi d’une pierre deux coups en réaffirmant son intention de concentrer les pouvoirs de réglementation en matière de services financiers vers Ottawa.
Desjardins dans tout ça ?
« Il ne serait pas étonnant que plusieurs coopératives de crédit de l’Ouest veulent fusionner afin de suivre la tendance des autres instituions financières qui tentent de plus en plus par ce moyen à faire des économies d’échelle », croit l’économiste de Desjardins, François Dupuis.
Desjardins, déjà numéro un des institutions financières coopératives canadiennes, et présentement en mode « croissance et acquisitions » ne tirerait toutefois pas profit de cette nouveauté, étant sous un système de charte provinciale particulier.
Le gouvernement fédéral pourrait d’ailleurs souhaiter avoir sous sa gouverne la géante abeille. « Dans le cas d’une crise économique, avec son importance dans le marché financier, si Desjardins était en difficulté, cela pourrait avoir un impact systémique sur le système financier québécois et par ricochet canadien », mentionne François Dupuis.
De son côté, Desjardins prend de plus en plus d’ampleur. Récemment elle a entre autres acquis les activités canadiennes de la mutuelle américaine State Farm, l’entreprise Western Financial Group et des actifs dans la compagnie Qtrade. La coopérative se targue aussi d’établir de plus en plus de partenariats avec d’autres coopératives et mutuelles et d’accroître sa présence dans le marché hors-Québec.
Pourrait-elle un jour vouloir intégrer le cadre fédéral avant que d’autres coopératives en expansion commencent à prendre de plus grosses bouchées à plus faibles coûts dans le marché canadien ? La question se pose.