La pandémie de la COVID-19 aura nécessairement des conséquences sur l’économie et les comportements des agents économiques. Il est ainsi évident que l’endettement de tous les agents sera accru, ce qui aura des conséquences négatives sur le potentiel de croissance de l’économie.
Toutefois, Yves St-Maurice, président du Comité des politiques publiques de l’Association des économistes québécois estime qu’il y a lieu de rester optimiste. Les économistes pensent ainsi que l’économie reviendra à son niveau d’avant crise en moins d’un an, selon un récent sondage mené auprès des membres de l’Association des économistes québécois.
Une majorité de répondants au sondage (39,2 %) pense que l’arrêt de toutes les activités économies non essentielles au Québec peut durer 3 mois sans que des dommages permanents importants soient causés à l’économie, notamment la fermeture définitive de plusieurs entreprises.
Cependant, nombre de répondants sont moins optimistes. Certains (29,7 %) estiment que la durée maximum de cet arrêt devrait être de 2 mois pour que cela n’ait pas d’impact permanent important. D’autres (21 %) estiment qu’il est déjà trop tard pour cela.
Pour cette raison, plus de la moitié des sondés (66,9 %) estiment que les autorités devraient permettre aux entreprises de reprendre leurs activités dès que la probabilité de résurgence sera considérée comme acceptable par les autorités de la santé publique.
Un quart des sondés (25,7 %) estime même qu’il faut reprendre l’activité immédiatement afin d’éviter des dommages permanents trop importants sur l’économie, peu importe qu’il y ait encore des personnes infectées dans la population.
La grande majorité des répondants (64,2 %) apprécient toutefois les mesures mises en place par les gouvernements et les autorités monétaires. Ils les jugent suffisantes, même s’ils pensent qu’elles ne permettront pas d’éviter des dommages importants et permanents à l’économie. Seuls 18,9 % estiment que ces mesures éviteront des dommages. Une petite proportion de sondés estime qu’elles sont insuffisantes (8,1 %), mal ciblées (5,4 %) ou exagérées (3,4 %).
« Les résultats du sondage montrent que l’économie du Québec pourrait stagner pendant un ou deux trimestres après une forte contraction et subir probablement des dommages importants et permanents », analyse Yves St-Maurice.
Encore optimistes malgré la situation
Bien qu’il soit difficile de prévoir l’évolution de la pandémie dans le futur, 39,2 % des économistes affirment que l’économie du Québec retrouvera graduellement son niveau d’avant la pandémie en moins d’un an, même si une proportion importante (38,5 % répondants) croit que l’économie restera plutôt stagnante pendant deux à trois trimestres après la forte contraction.
Pour assurer une reprise rapide de l’économie, les sondés sont d’avis qu’il faudrait une reprise de l’activité économique mondiale (28,4 %), une accélération des investissements en infrastructures (21,6 %) et, dans une moindre mesure, un programme d’incitation à l’investissement pour les entreprises (14,2 %).
« Cette pandémie est un choc économique exceptionnel de par ses origines, ses effets et sa durée incertaine! Les précédentes crises avaient un caractère quantifiable concis à un ou quelques secteurs ou encore affectait l’offre et/ou la demande partiellement, malgré les effets domino ou collatéraux sectoriels. Celle-ci se singularise par son impact au niveau de l’offre et de la demande simultanément. Par conséquent, il importe que les gouvernements saisissent la nature des enjeux économiques liés à cette pandémie. De leur soutien, dépendra la nature du ou des chocs économiques (conjoncturelle ou structurelle).
L’offre et la demande seront profondément modifiées au sortir de cette pandémie! Par ailleurs, pour nous les économistes, c’est un bel exercice d’humilité quant à nos prévisions! », commente un des répondants.
Et pourquoi ne pas profiter de cet événement pour relancer l’économie sur des bases plus saines, propose un sondé. « C’est le parfait moment, après un « chaos », de relancer l’économie sur de nouvelles bases guidées par le développement durable : économie circulaire, achats locaux, économie de transition énergétique, agriculture biologique, … et arrêter de soutenir une industrie polluante telle que l’industrie pétrolière… », déclare-t-il.
Ce sondage a été réalisé en ligne du 9 au 17 avril en collaboration avec la firme Raymond Chabot Grant Thornton. 148 membres de l’Association des économistes québécois y ont répondu.