La cadence annuelle des mises en chantier d’habitation a affiché en juin sa plus forte augmentation d’un mois à l’autre en une décennie, ce qui a légèrement inversé la tendance à la baisse observée ces derniers mois.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a souligné mardi que le taux annuel désaisonnalisé des mises en chantier au Canada avait totalisé 281 373 unités en juin, contre 200 018 en mai, ce qu’elle a attribué à un pic d’activité du côté des projets de logements collectifs, une catégorie plus volatile.
Le rythme annuel des mises en chantier de logements dans les centres urbains a augmenté de 59 % pour atteindre 219 914 unités, tandis que celui des mises en chantier de maisons individuelles dans ces mêmes centres a augmenté de 3 % pour atteindre 42 901 unités.
Toronto et Vancouver ont ouvert la voie dans la construction, représentant 47 % du total des mises en chantier. Celles-ci ont cumulé une croissance de 32 % et 49 %, respectivement, depuis le début de l’année, par rapport à la même période l’an dernier.
La moyenne mobile sur six mois de la cadence annuelle des mises en chantier, qui évalue la tendance à plus long terme, était de 234 974 unités en juin, contre 229 520 unités en mai, soit une progression de 2,4 %.
Cette hausse inverse une baisse régulière qui a commencé en novembre, la hausse des taux d’intérêt ayant eu un impact sur la construction, mais pas suffisamment pour ébranler sa tendance à long terme, a souligné la SCHL.
« Le cumul annuel des mises en chantier d’habitations au premier semestre de 2023 a été inférieur de 8 % à ce qu’il était à la même période en 2022. Son recul s’explique par les taux d’intérêt élevés qui continuent de peser sur les mises en chantier en raison de l’augmentation des coûts d’emprunt », a expliqué l’économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan, dans un communiqué.
La baisse des mises en chantier par rapport à l’an dernier survient malgré une projection de la SCHL selon laquelle le Canada devra augmenter considérablement l’offre pour faire face à la crise du logement.
L’agence prévoyait en juin 2022 que, sur la base du rythme de construction à l’époque, le pays aurait besoin de construire 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030 en plus de ce qui était déjà prévu, afin de pouvoir rétablir l’abordabilité.
L’économiste Marc Ercolao, de la Banque TD, a affirmé que même si le bond de juin était impressionnant, la moyenne mobile sur six mois continuait de baisser légèrement.
« Un mois ne suffit pas pour inverser la tendance à la baisse de longue date du secteur », a-t-il estimé dans une note.
Le ralentissement des ventes de maisons a continué d’alimenter la baisse de l’activité de construction, qui, malgré une hausse au deuxième trimestre, devrait diminuer à l’avenir, a poursuivi Marc Ercolao.
« Cette explosion devrait être de courte durée et, alors que les taux d’intérêt élevés continuent de se faire sentir dans l’économie, la construction de maisons freinera l’investissement résidentiel au cours des prochains trimestres. »